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Projections  isdaT

un corps qui se désagrège, se reforme ; elles disent son mal-être, sa maladie en
accentuant les cernes en hublots noirs autour des yeux hagards.

Le plan moyen désignerait un sans abri, assis contre un mur, une bouteille couchée
au sol mais le monologue découvre que l’homme est là, coincé par et dans la
souffrance ; « ondes » ouvre ainsi d’autres sens.

« Jeune homme seul, reclus on ne sait où, fuyant on ne sait quoi : La société ?
Les Bactéries ? Les ondes électromagnétiques ? Image d’une angoisse universelle ? »

En hypallage, ses traits disent qu’il souffre absolument, qu’il chute hors la vie…
L’animation porte cette potentialité du dire empathique, elle est adresse à.

                                                                           Simone Dompeyre

Martine Asselin, Un trou dans la jambe

4min57 | SPIRA, Canada

Ce film singulier prend le réel au filet
de l’animation et celle-ci à celui de
l’expérimental. Singulier, il est partie
prenante d’un projet de portraiturer
des personnes porteuses de
cicatrice en leur faisant relater les
circonstances qui ont provoqué cette
marque tangible. Ainsi Cicatrices
va-t-elle au devant de ceux-là dont
la cicatrice est aussi marque mémorielle, que le souvenir soit « difficile, heureux
ou même cocasse. » La première vidéo dénomme, par son titre éponyme, Pierre
l’homme blessé, alors que son générique indique la proximité d’avec la réalisatrice
par leur patronyme commun. Pierre porte sur le front la marque d’une chute à l’âge de
5 ans, contre le trottoir, alors qu’il courait derrière un ballon. Plus explicitement Un trou
dans la jambe entraîne la narration menée par une femme de la cause de la blessure
qui a marqué son membre comme sa vie et, d’emblée, le plan rapproché décrit cette
marque en image analogique avant son récit en animation.

Les récits sont ainsi « lancés » et encadrés par la prise de vue réelle, de type
documentaire, de l’homme comme de la femme, qui se disent en regard adressé du
témoignage.

Elle, c’est Geneviève Rossier au récit rocambolesque : journaliste à la Colline du
Parlement à Ottawa, elle partit au Guatemala, en 1993, pour un reportage sur les
réfugiés autorisés à rentrer après la guerre civile… et qui, alors qu’avec ses confrères,

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