Page 74 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Projections isdaT
d’une danse captée, une danse de loin, elle voulait filmer pour montrer le corps de
l’image, pour que l’image s’imprime sur la rétine en vrai, elle ne voulait pas d’une
danse éloignée mais d’une image qui s’agite en vrai devant l’autre, c’est pour ça
qu’elle n’a pas capté d’images de danse mais qu’elle est allée prendre de la matière
dans la vie. Elle a su instantanément ce qu’était une vidéo si la vidéo est un objet
d’art et non pas une captation où on ne se bougerait « ni le cul ni l’œil ». La captation
n’est pas dans le vrai et Camille Escudero voulait toucher le vrai, c’est-à-dire montrer
que les choses vacillent, que les corps disparaissent, que le réel fuit et qu’il y a une
chorégraphie de à trouver par l’objet vidéo. [...]
Camille Escudero est attentive au monde, à la vie qui l’entoure, à la parole ou aux
gestes de l’autre. Elle le regarde, elle dialogue même avec cet autre ce qui fait qu’elle
n’est jamais détachée de ce qui se passe. Elle vit totalement avec ce qu’elle filme.
Sa manière à elle de montrer le réel qui l’entoure, c’est de l’imprimer sur pixels, elle
peut ainsi dévoiler une rencontre sans artifice, qui débouche immanquablement sur
une captation, car la finalité des rencontres serait ces moments vidéos où elle a
mis ses interlocuteurs à l’aise, parlant à l’objectif comme ils parlent à Camille, en
toute quiétude car en grande confiance. Il se passe toujours quelque chose quand
Camille Escudero garde l’œil ouvert sur sa vie et ce quelque chose est pour nous,
les regardants, les spectateurs de ses vidéos, certes, souvent sur Youtube, mais
spectateurs toujours prêts à tendre notre œil et nous bouger le cul pour les voir
partout ailleurs.
Charles Pennequin1
Naomi Henry, Chargement d’amour
11min | Toulouse, France
Comme un boomerang, l’amour se lance et
revient. Dans l’espace d’une chambre, une
folie menace nos beaux jours passés à nous
aimer. Et nous nous remémorons notre désir
flamboyant qui nous a rendus dingues d’être
aimés. Le suspens est dur comme nous deux
fous alliés. Nos bouffées charmantes enivrent
nos cœurs blessés. Sous des larmes, les booms et les bangs rappellent nos prénoms
presque effacés. Alors on s’agite dans la cruauté et on s’aime à la folie.
1 Fragments de l’article « Un dada qui nous remue » paru dans Turbulences Vidéo #97, Clermont-Ferrand,
VIDEOFORMES, octobre 2017, pp. 71 - 74.
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