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isdaT  Projections

                                                              elle les attendait, ses appareils, son
                                                              passeport et son argent furent, par
                                                              confusion, embarqués dans une
                                                              voiture de l’ONU… et qui dut se faire
                                                              conduire à sa poursuite quand un
                                                              accident coupa sa jambe scindée
                                                              par la vitre. Amenée par un camion
                                                              portant humains et volailles jusqu’à
                                                              une hutte près d’une accouchée en
travail, elle croit mourir, est enfin conduite à un hôpital où deux chirurgiens, devant
elle, discutent sur la hauteur de son amputation avant d’accepter avec réticences
l’engagement d’être payés a posteriori.

Puis le retour, la nécessité de l’autre puis le nouveau bonheur d’être avec l’autre, le
mariage et la naissance…

Cela se dit en over, comme lien d’une animation débridée, faussement naïve, adoptant
le graphisme de main d’enfant pour la jambe – sans corps – cassée, l’enflure, la
couture ; par son image si rapprochée avec celle du poulet dans son sentiment d’être
accrochée comme le volatile du camion.

Le trait dessine l’un après l’autre, les protagonistes et les éléments du récit :
l’accouchée est silhouette, comme le groupe de journalistes, comme les médecins…

Il n’évite pas les signes historiques : armes, affiches puis sigle de l’ONU au Guatemala
mêlés aux indices du quotidien, à la couleur locale.

La ligne ne refuse pas le fond moins précis quand le sang et la douleur s’emparent
du champ. La matérialité du film est convoquée y compris par l’intrusion de ses
perforations, les rayures, les zébrures, la couleur a-forme.

Cependant ce projet d’interdépendance des médiums se poursuit plus encore.
En effet, et le générique en reconnaît l’emprunt, cette texture de fond est écriture
de Homestead Act, composé en 2009 par Steven Woloshen dont le titre cite une loi
fédérale des États-Unis qui accorda, en 1862, aux particuliers un droit de propriété
privée sur 65 hectares de terrain non cultivé. La pellicule 35 mm est abîmée pour dire
l’érosion et l’effritement du temps… Ainsi se rejoignent des projets de dire l’histoire
ou plutôt l’humain dans l’Histoire en faisant film expérimental qui ne renie pas son
matériau.

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