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Michel Digout, coup de vent / coup de foudre

3min30 | Toulouse

                                              Petite fable qu’aurait aimée La Fontaine où
                                              si les animaux ne parlent pas, ils volent dans
                                              les airs.
                                              La couleur triomphante, fluo et en deux
                                              tons – mauve sur vert outre les nuances de
                                              bleu du parapluie et du corps de la femme
                                              en robe rouge – détoure les figures de cette
                                              courte fable sans autre morale que cette
morale renversante puisque le retour à la mesure et à la simplicité qui arrête la
tempête n’a lieu qu’après la démesure qui a provoqué la tempête mais par là, le
bonheur.
La structure en est claire : un lieu, une intrigue, un dénouement.
Un parc avec une cabine téléphonique qu’un banc seul suffit à déterminer.
Un homme lit, le vent violent emporte son journal, des objets et des animaux. Il se
réfugie dans la cabine avant de rattraper par la jambe, une femme emportée par
la tempête et qui n’en abandonne pourtant pas son parapluie qui aide à son envol,
préfèrant laisser partir sa robe.
Il la tire vers lui et pour la garder… s’approche d’un ventilateur source de la tornade
et le débranche.
Cependant, la pixellation préfère s’éloigner du réalisme non seulement en lançant
dans les airs une vache – cela les tornades en Amérique et pas seulement en film, le
provoquent – mais aussi en crescendo un rhinocéros, un éléphant en alternance avec
un crescendo semblable : le journal, des branches, une bicyclette, une moto, la cabine
téléphonique et la voiture…
Les animaux mugissent, barrissent selon leur espèce ; la femme emportée ne dit
rien mais sa robe rouge la propulse au premier plan du regard de l’homme qui
avançait contre le vent en tenant son chapeau. Outre cette précaution, des éléments
logiques comme l’envol des pans du manteau et les sons rapportés au référent
attendu, envolent pourtant vers une chute : « Ça souffle ! » est décliné mais n’était-
ce que ruse pour l’homme afin d’attraper la femme : roman amoureux que les deux
seuils distinguant le titre en deux moments résument en souriant : puisque coup de
vent / coup de foudre passe de la météo à la métaphore amoureuse du premier regard.

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