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Projections Musée des Abattoirs
point de départ. On a fait l’animation d’abord et la voix off ensuite. On a ajouté les
éléments petit à petit dans la composition de l’animation. Pareil pour la voix off et
le choix des mots.
Quelle est la part d’images réelles ? Et comment y avez-vous intégré les dessins d’enfant ?
Il n’y a pas de secret, le « personnage » principal du film, c’est moi, le réalisateur,
et les voix sont celles de mes parents. L’enregistrement vidéo, c’est moi gamin en
train de chanter ou de lire des poèmes. Les dessins sont aussi de moi, j’adorais
dessiner quand j’étais petit. Les photos proviennent de notre album de famille. Le
documentaire est un mélange de tous ces « vieux documents » avec des photos que
j’ai prises des maisons de mon village et des gratte-ciels de New York. Seul un dessin
a été fait juste pour le film, le portrait de famille que l’on voit au tout début. C’est
une idée qui m’est venue une nuit et le lendemain, je l’ai fait.
Zabigniew Czapla, Strange Case
13min30 | Pologne
Cette histoire-animation suit le flux de la
conscience du protagoniste premier où
s’entremêlent pensées, doutes et souvenirs.
Ce qui semble à première vue, chaotique
porte cependant une méditation universelle
sur la condition humaine. Cet homme
revient aux étapes qui ont marqué sa vie :
adolescence, amour, passions, traumatismes
voire événements historiques. Le film suggère
la monotonie et la répétitivité de la vie humaine, des situations que l’on ne peut fuir,
des échecs que l’on ne peut éviter et des souvenirs dont on ne peut se débarrasser.
La voix over s’interroge sur les questions du pourquoi nous vivons et du où nous
allons.
Le même chaos contrôlé domine l’image, renforçant ce libre flux des illusions
mêlées aux souvenirs. Ce beau travail en animation-peinture crée un univers
fictionnel selon de légers coups de pinceau et des touches de couleurs. Les figures
humaines réalistes y sont interchangeables aux images abstraites de la nature. Ces
improvisations peintes sont emportées par la bande-son, elle-même sans rythme
précis ni orientation.
Tous ces éléments concourent à une animation philosophique parfaite dans son
écriture. Elle rappelle que la vie est un jeu au nombre infini de combinaisons.
Dagmara Marcinek
Pour se souvenir d’un autre opus porté par la même essentielle peinture, cf. le catalogue des Rencontres
Traverse 2016, L’Atypique trouble, p. 61.
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