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Galerie 3.1 Installations
crédit photo : Anne Murray Yoan Robin, Les Promesses d’un récit
installation interactive | Belgique
Les Promesses d’un récit confronte deux médiums :
le livre – très précisément, trois cahiers édités
par Yoan Robin – et la vidéo – des séquences
tournées aussi par lui-même. Le spectateur/
lecteur a à choisir l’un des cahiers/livres
simplement posés à sa disposition, à le placer
sous la lumière d’un vidéoprojecteur et ainsi à le
feuilleter, à le « lire ». Ces cahiers ne retiennent
que peu d’éléments textuels ou graphiques.
Leurs pages en papier pointé deviennent l’écran
sur lequel se découvrent les images filmées en Belgique, en France mais aussi au
Népal. Cependant, chaque page attire telle ou telle scène et les deux pages visibles
ensemble s’avèrent écran, ce que double le format rectangulaire, répondant au
protocole de la projection cinématographique. En écho au livre pop-up/animé, le
récit se construit en images filmiques/images fixes imprimées sur les cahiers, parfois
mues par la projection et d’éléments textuels et sonores. Dès lors, Les Promesses d’un
récit interroge l’écriture intermédiale rassemblant sans les écraser montage-film,
typographie, création sonore.
L’artiste dit : « Les Promesses d’un récit est une installation qui mêle livre et vidéo de
manière interactive, grâce à la manipulation des pages, par le lecteur. Les pages
du livre sont partiellement ou entièrement imprimées et l’image projetée remplit
également les mêmes conditions. La conception du projet m’a conduit à penser –
en livre et vidéo – les formes de narration. Le dispositif en place contraint ces deux
médiums puisqu’il ne s’agit ni d’un livre ni d’un film. Le récit en séquences vidéo
et suite de phrases écrites ou sonores reste intelligible, sans artifice pour simplement
raconter. Le titre Les Promesses d’un récit retient de “promesses” la potentialité
narrative, l’attente quand on entame un livre – qu’il soit ou non une fiction.
Je parle de la solitude pour rappeler à travers l’objet-livre, le rapport intime de soi
à un sujet ; se confronter intimement à une vidéo dans le cadre étroit et réel qu’est
le papier, se confronter à l’autre dans un temps et un lieu ; au travers des questions
que je me pose sur la nature humaine. Mes questionnements sont multiples face
aux images que je filme ailleurs. Quel est mon regard ? Sommes-nous objectifs
au sortir du cadre, de son propre cadre, de son pays ? Quel rapport ai-je avec ces
images ? Multiplier les images qui se croisent, se superposent et s’entrechoquent
pour exhiber les contrastes du monde tout autant que les médiums qui participent
à mon installation. La mise en abyme est évidente
une impression de déjà vu / une impression sur papier
une projection mentale / une projection vidéo. »
Antoniy Valchev 197