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Cinémathèque de Toulouse  Projections

chemins forestiers autrement invisibles à l’œil humain.
Pour cette circulation, ce mouvement d’images figées, Van Bakel a fabriqué une
caméra-scanner qui étend la vision humaine jusqu’à une lumière proche de
l’infrarouge. Il provoque et le regard ainsi hypnotisé et la question sur notre capacité
et notre appétence à voir.
Quant à la référence  : elle s’éclaire d’une note liminaire de Gallimard, l’éditeur
français de l’ouvrage philosophique. « Ce titre allemand est très ambigu. Si, en
effet, le sens premier de Holzweg est bien celui d’une piste qui s’enfonce en forêt, il
existe un sens dérivé, […] celui de “faux chemin”, de “sentier perdu”. »
En outre, l’éditeur cite le prologue non traduit, « “Bois” est un vieux nom pour
forêt. »
Et de distinguer deux attitudes de ceux qui traversent les forêts, ceux qui craignent
de s’y perdre et ceux, professionnels des bois, bûcherons et gardes-forestiers qui
savent le suivre pour atteindre leur lieu de travail.
S’impose de désigner le premier « chemin », dans la conférence de 1935 « L’origine
de l’œuvre d’art », dont Forest Paths accepterait les premières affirmations : « L’origine
de l’œuvre d’art, c’est l’artiste, l’origine de l’artiste c’est l’œuvre d’art » mais pour
simultanément réfuter, la définition qui suit de l’art. Art qui amènerait à « la
reproduction de l’essence générale des choses », qui aurait pour mission « mettre en
œuvre la vérité de l’étant » alors que le seul réel de Forest Paths est virtuel, construit
par la machine qu’il mène, par le calcul qu’il organise. Il est lumière en mouvement.
Les Forest Paths échappent à Heidegger.

                                                                   Simone Dompeyre

Sarah Ouazzani Touhami, Le Mythe de l’éternel retour

5min07 | France

                                            Sarah Ouazzani Touhami compose un
                                            nouveau poème vidéo créateur d’un temps
                                            d’entre les temps. Le passé aux échos
                                            concentriques du passé composé, le présent
                                            du souvenir de la voix entendue mais relié au
                                            passé par la traduction en si léger décalage y
                                            compris dans le pronom employé… L’indéfini
                                            transporte au plus près de la sensation. Sa voix
                                            porte la tra-duction, comme un « tirer » vers
nous, ce qui se disait du « départ à oser » par une voix italienne de femme plus
âgée et de sa vie avec la laine des moutons et les difficultés, cependant, qui perlent

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