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Cinémathèque de Toulouse                   Projections

Stéphanie Morissette et Dale Einarson, Empreintes Labyrinthiques

7min40 | Canada, GIV

Empreintes Labyrinthiques ouvre un jeu cérébral
et en couleurs sous l’égide de ce lieu où se
perdre mais sans y craindre le minotaure tant,
d’emblée, c’est du cerveau dont il s’agit. Certes
les transformations de la couleur codée en
noir et blanc et en stries noires organisées puis
aniconiques connotent la perte, la coupure
des réseaux de la pensée jusqu’à la menace
des pertes du souvenir en Alzheimer mais la
virtuose maîtrise de la peinture numérique entraîne dans le déferlement de ce que
peut… la pensée.
Le cerveau s’anime en image médicale colorée où règne la couleur franche, il induit
l’image de ce qu’il connaît : la marche sur la neige topique du Canada. L’image
devient le point d’ancrage de ce que pense, crée le cerveau et… le duo d’artistes.
Des bois blancs de cette neige, en Super 8 tremblant participent à cette polyvision/
poly-pensée que peut le créateur. En plans subjectifs si proches et traduction de
la familiarité, les escaliers, la porte, l’intérieur de la maison vers laquelle la jeune
femme dans la neige se dirige, augurent d’un lieu connu. Le cerveau se souvient du
dehors et du dedans. Certes des grincements attisent l’idée d’une perte mais l’on
peut préférer croire en l’activité cérébrale/pensée. Elle va de l’invention constante
de l’image assurée  – médicale  – aux taches de Rorschach à projet d’analyse
psychologique mais surtout invention de formes par le simple pliage de la page,
de celles-là renvoyant aux effets papillons, aux envolées d’images miroirs, aux
kaléidoscopes pour le plaisir – enivrement du voir quand les couleurs jaillissent.
Ainsi la circulation passe de programme à programme, de statut d’image à statut
d’image. Cela n’entrave pas le plaisir d’arpenter – en images référentielles – le sol
québécois, d’abord rapidement, en plans enchâssés et polyvision avant d’occuper
totalement le champ, avant de circuler en images informatiques de diablotins
doublés, agités par définition, aux inventions hautes en couleurs voire criardes,
jusqu’à l’accalmie. Ce déplacement avec une musique d’accordéon, retrouve le point
de vue de l’objectif traversé par les oiseaux survolant un globe, que ne refuserait
pas un Marey quoiqu’ils soient en images numérisées. Le fond devient papier froissé
avec silhouettes noires actives, formées de divers éléments s’y agglutinant ce qui
perturbe l’accalmie ; cela amorcerait la marche à reculons qui clôture la vidéo et que
l’on traduirait en incapacité de la compréhension du monde si, très inversement, en
métaphore, on n’abordait les constantes transformations de la création numérique
qui sans nécessité du référent, crée ses papillons, ses moirures, comme une relance
en boucle de la pensée qui veille/s’éveille.

                          Simone Dompeyre  65
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