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VIDÉOS ET FILMS D’ICI ET D’AILLEURS

                Cependant, si la musique « ambient » entraîne toutes les figures du passé filmique, ranimées en tant
  que telles et hors de leur fiction originelle, grâce au montage plein d’esprit de Samuel Bester, elles, joyeuses résistent
  à la mélancolie. Il ne s’agit pas l’annonce même si le complément nécessaire à la phrase est subtilement importé des
  mots d’Orphée, de la voix marquée du passé de Jean Marais.

                Nous entendons ainsi selon la structure musicale du canon, le rappel du statut d’images, de visions,
  d’êtres diaphanes de l’image cinématographique mais plus encore le conseil susurré par la Mort, à Orphée : « ne pas
  chercher à comprendre (ce que je vais faire) » auquel il répond « il ne s’agit pas de comprendre, il s’agit de croire ».
  Croire en revenant à une source du terme « expérimental », celle de l’ancien français qui en « experiment » dénote
  aussi bien le sortilège que l’experimentum, la tentative, l’essai.

                                                                                Simone DOMPEYRE

  Halida BOUGHRIET, Pandore, 8min 27, ALG/FR

                Pandore porte un regard sombre et inquiétant sur
  la réalité des rapports humains ainsi que sur le système mé-
  diatique de la violence qui en découle. La vidéo se concentre
  sur un groupe social, celui d’enfants en marge du reste de la
  société française. Les protagonistes sont invités à se dévoiler,
  à témoigner de leur propre histoire qui renvoie à l’image d’un
  passé et d’un présent, en question du « Mythe ou Réalité ». Fil-
  més en séquences en un ralenti extrêmement fluide, ils adoptent
  positions et postures artificielles, alors que la lumière provoque
  une curieuse contemplation de cette intimité d’un espace clos et
  artificiel, d’où émane une atmosphère irréelle et anormale.

                Pandore est celle qui ouvrit sa jarre, malgré l’interdiction de Zeus, parce qu’elle contenait tous les maux de la
  terre, mais entraînée par la curiosité, elle l’ouvrit pour le malheur des hommes, cependant il y avait aussi l’espérance dans
  sa jarre. Par ailleurs, modelée par les dieux, elle était aussi pleine de qualités, « Athéna lui donna la vie, lui apprit l’habileté
  manuelle et l’art du tissage et l’habilla; Aphrodite lui donna la beauté; Apollon lui donna le talent musical, Hermès lui
  apprit le mensonge et l’art de la persuasion et lui donna la curiosité.» Sous son égide, le monde se forme, aux enfants
  de la reconstruire pour un avenir moins rude.

  Daniel BURKHARDT, In other words, 9min 30, ALL

                  In Other Words, ces autres mots sont des images                                                                       17
    qui forment la rythmique des saisons, des climats, des moments
    et des fenêtres réitérées de ce poème sans mots énoncés.
    La présence humaine y est rare et constante à la fois. Rare car
    les lieux sont sans humain; hormis un ouvrier qui travaille, der-
    rière une paroi de vitre et lors des deux seuils du film, un homme
    s’éloigne au départ et s’approche à la fin de la même grande
    surface vitrée séparée par des montants verticaux. Il n’est qu’en-
    tr’aperçu entre une barrière de bois et de la végétation qui se
    profilent tout autant. L’homme n’est pas davantage privilégié, quand, au zoo, le point se fait sur l’animal, les visiteurs
    et le marchand de ballons, de surcroît flous, sont relégués en profondeur du champ. La présence est constante mais
    en creux, car le regard porté sur ce monde en images-mots est précis, assuré. Il compose son alphabet. L’axe est
    pensé.

                  Divers plans prouvent sa vigilance dans leur composition géométrique / escaliers comme cage d’un
    iguane au zoo. Très explicitement, une plongée cerne ainsi les lignes brisées d’un escalier, et en en modifiant la
    luminosité, elle découvre l’ombre de l’appareil de captation nécessairement en hauteur, avant de le fondre dans
    l’obscurité. Loin d’un bout à bout de fragments hétéroclites, des échos différentiels se font : en plan d’ensemble et
    fixe des moutons, du blanc sur le pré vert, paysage avec arbre / en plan d’ensemble en mouvements de nombreux
    canards sur un étang bordé de neige. Une fenêtre isolée, rideaux déchirés et vitres brisées très précis / en surca-
    drage silhouettes de maisons avec antennes télé.

CINÉMA EXPÉRIMENTAL -ART VIDÉO- MONOBANDES

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