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VIDÉOS ET FILMS D’ICI ET D’AILLEURS

                                                             Gianluca ABBATE, Panorama, 7min 6, IT

                                                                           Panorama ouvre une trilogie sur la ville, liée au
                                                             concept de conurbation – ce qui désigne l’ensemble urbain
                                                             réunissant plusieurs villes dont les banlieues ont fini par se
                                                             rejoindre. La vidéo obéit à son titre programmatique, en dé-
                                                             bordant le champ de vision, le champ du possible, le champ
                                                             de ce que peut une caméra. L’espace est créé en regroupant
                                                             sans considération de la logique spatiale ni de leur implanta-
                                                             tion réelle, des signes des pays, des continents, des points
                                                             de planète. Gianluca Abbate, en optant pour la continuité du
plan, rassemble les lieux habités en une vill(ag)e globale, étendue jusqu’à la métropole globale.
Les immeubles enserrent les hommes, à la taille d’insectes selon le plan général ou, individualisés quoique sans
fonction différentielle en plan moyen. Ils s’annulent tant ils sont nombreux - fourmis vues d’une autre planète - en
sortant d’un autobus, ou traversant un pont, grimpés sur le toit des trains en Inde ou montant des escaliers…Ceux-là
en une répétition sans fin réamorcent le même petit geste : se gratter, baisser la mini - jupe, s’envelopper du sari ou
tendant les bras de la gymnastique indienne, s’embrasser, rester là, ou fouiller dans le monceau de détritus récurrent.
Pas de motivation explicitée, des comportements refaits comme autant d’automatismes.
              L’esprit de MacLuhan plane, lui qui théorisa l’inquiétude devant l’extension des médias. Il théorisa qu’ils
réduisaient l’extension du monde, en en réunissant tous les points, et ouvraient la communication et simultanément,
par un tel pouvoir international, pouvaient phagocyter l’invention de la culture, et écraser l’homme interconnecté dans
une conscience globale régie par l’ordinateur.
Cependant, le fondement numérique du montage est caché, emporté par la mouvance… seules la saturation, la
prolifération, la fréquente absence du moindre point vide provoquent l’interlocution.
Cependant, papillons en gros plan butinant des fleurs splendides, agrandies plus que les tours d’habitation,
d’étranges concrétions style corail voguant d’ici à là… feraient oublier la ville asphyxiante, ils feraient oublier les
voitures en miniature flottant/tombant dans le ciel bleu.
              Et le panorama aboutit à une nature sans artefact… avec le risque d’être annexée par l’homme toujours
plus nombreux ou inversement avec la chance qu’il comprenne que doit se réguler son appétit de conquête des
lieux vierges du monde, ainsi cet homme asiatique et son fils si près d’un papillon plus grand qu’eux, vers lequel leur
visage est tendu, pourraient l’avoir compris.

                                                                             Simone DOMPEYRE

                                                                     Ahmet ALBAYRAK,
                                                                     Parallaxus, 4min 55, TUR

                                                                                   Dans un espace physique déambule un humain
                                                                     - suivi par la vidéo, qui comme toutes les vidéos figuratives,
                                                                     filme ses sujets dans des lieux, des endroits spécifiques, des
                                                                     paysages quotidiens ou extraordinaires, des environnements
                                                                     connus ou inconnus etc. ou qu’elle invente. Cet humain est lui-
                                                                     même et simultanément contre lui-même, il oscille sur son être.
                                                                     Il est innocent de ne pas être ce qu’il est, et coupable de ce qu’il
                                                                     est. Il est dans cette dialectique, en ses divers engagements…
           la cohérence reste cachée, puisque ses gestes et son comportement, seul, entre les rocs d’une montagne, il avance
           avec de grandes ailes d’ange.
                         La réalité morbide humaine est en contradiction directe avec la réalité morale et sociale de l’humanité.
           La réalité morbide et bipolaire de l’homme n’existe que dans l’originale réalité de l’œuvre d’art.

14 C I N É M A E X P É R I M E N T A L - A R T V I D É O - M O N O B A N D E S

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