Page 131 - catalogue_2012

Iris LEGENDRE

Sans titre
Sur de vieux portraits noir&blanc, j'ai planté une à
une des centaines d'épingles. Je propose ainsi de porter un
nouveau regard sur des photographies banales.
Les formes ainsi obtenues évoquent tantôt un cercueil, tantôt
un crâne, un masque, l'idée de contamination ou de pourris-
sement. Elles suggèrent un rite d'effacement, un châtiment,
une disparition forcée ou imminente. Sur toutes ces personnes
une menace semble planer.
Des ombres se forment sous le volume obtenu, tandis que la
lumière fait briller les têtes d'épingles.
Je travaille sur des photos originales, contrecollées sur du
carton gris. Il s'agit dès lors de petits formats, aussi le specta-
teur se rapproche-t-il pour observer, dans un rapport intime
avec l'œuvre.
J'ai d'abord retenu des photos de proches, puis étendu la
démarche à celles d'inconnus, trouvées au marché aux puces.
Le protocole est très simple, mais le geste et l'image obtenue
sont assez violents.
C'est un exercice de patience aussi, qui donne un caractère maniaque à ces petites tortures visuelles.
La mort, la maladie et l'oubli sont présents dans ces images, qui portent aussi une pointe d'ironie.

Iris Legendre

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