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Vidéos d’Ici et d’Ailleurs
Stéphane MARTY, Long Island, 11'01, 2011
Selon Jorge Luis Borges, “Le désert est le meilleur des labyrin-
thes”. Aussi la pièce joue-t-elle sur le silence et la face cachée
des choses. Elle invite à remplir cet espace et ce temps avec
sa propre histoire, sa sensibilité et sa mémoire.
Long Island se conçoit sur le mode expressionniste alors que
l'influence d'un Wim Wenders, d'un Werner Herzog renouerait
avec l'épure stylistique de Five de Kiarostami.
Une écriture sans ponctuation. Mon parti pris pour le plan fixe sur la mer en capte le mouvement et
l'immobilité, prend le temps et l'espace.
La tentation d'établir une correspondance avec l'écriture musicale de John Cage, dont la musique dans
son étrangeté laisse glisser la forte influence d'Eric Satie, musique désormais si connue qu’elle rassure le
spectateur. Pourtant son mode de composition fondé sur le principe d'indétermination selon la
méthode dite de “tirage aléatoire” accorde la part à la chance et au hasard.
Avec Long Island, j'ai expérimenté cette méthode du “tirage aléatoire”' avec l'image pour la description
atmosphérique, et ai accueilli n'importe quel fait imprévu dans ce plan fixe.
Cage, en 1945, disait de ses contemporains que leurs musiques étaient trop bonnes car elles
n'acceptaient pas le chaos.
Quant à moi, en saturant la mer de couleur rouge, j’ai visé la dramatisation, ce qui me conduit à parler
d'expressionnisme puisque l'expressionnisme préfigure la catastrophe. Ainsi, le titre, Long Island, 2011.
Gabrielle REINER, Un petit film d'horreur à tendance abstraite, 1'17,
2005-2007
En un film d'animation, des images d'un lieu évoquent l'abstraction
picturale tandis que la musique suggère le genre cinématographique de
l'horreur.
Ce film monte des images tournées en macro, dans un “squat” parisien
au nom évocateur de La Guillotine ; la musique et non l'image abstraite,
en explique le titre et en est le fil conducteur. Ce film de genre - film
d'horreur - s'associe ainsi de manière inattendue au pictural : l'abstraction. L'histoire sonore implique
l'absence humaine tout en suggèrant la visite d'une maison hantée ; les images sont gelées comme un
arrêt dans le mouvement d'une personne tétanisée par l'angoisse, ce que le film vise à transmettre.
Aline ZANINI, …vanité et poursuite du vent…, 3', 2003
Bref poème visuel, en noir et blanc.
L'image vacille. Brume, buée, ruissellement, course de l'eau.
Au loin, derrière la vitre, une beauté stupéfiante et inquiétante à la fois,
celle des tours de la centrale atomique se noie dans le gris du ciel.
Le vent souffle.
La petite boite à musique égrène les notes de L'Apprenti sorcier de
Paul Dukas.
Le double sens du mot vanité s'impose : orgueil et insignifiance. Fragile
présent et infini du temps.
Sidération de la pensée.
Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Faut Voir 19