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Vidéos du Québec
Alors qu’« elle » laisse son esprit s’enflammer et que des flammes très fictives couvrent son visage priant,
la punition donnée par la religieuse se limite à la couvrir du pan large de son habit.
Le désir d’une « vraie » histoire est ainsi tout aussi contrecarré que celui d’inculquer des manières d’être
et des objets de foi. Parfois elle amorce ce désir pour l’égratigner à son tour : la famille peu vêtue avec
groin de cochon, s’assied autour d’une petite table couverte de la nappe à petits carreaux rouges avec bols
idoines ; le père touche rapidement les fesses de sa femme - c’est idoine ! - qui, elle, ébouriffe les
cheveux de leur fille, et lui tapote le menton – c’est idoine ! - cependant un danger s’annonce par un
carton déictique et lumineux, il se réitère, eux ne le voyant pas.
Faux suspense « elle » brandit son couteau, s’assied, mêle ses céréales avec cet instrument en dépit de
la petite taille de la vaisselle… ils disparaissent en un flou.
La métaphore vainc cette image de la famille, qui se dénoue lors de l’enlacement d’« elle » avec sa
silhouette qu’elle embrasse pour y laisser ses traces de maquillage.
A lire encore, son glissement de tête derrière une nouvelle flèche, dirigée vers rien, mais qu’elle adopte…
autant de gestes insolents que le dernier chapitre explicite simplement comme le projet de « trouver le salut
dans sa propre maison », d’être soi sans annuler ni s’annuler, d’ôter le maquillage imposé et suivre le pas
quand/comme on le veut… le fonds demeure, l’artiste le sait ; elle vit de le transformer jusqu’à en annuler
le poids opprimant, jusqu’à annuler le bruit quasi imperceptible qui tourne et tourne tant qu’ « elle » n’a pas
décidé de sa démarche.
D.S
Lamathilde, Fade in grey, 0'28", 2011
Trente secondes et un fait vidéographique, temps réel ; une idée si
simple qu’elle en devient patente ; Lamathilde la fait l’idée, en se
faisant le plaisir partagé du jeu de mots : fade in grey comme un
syntagme de montage : fondu au gris, à savoir le glissement vers un
autre plan par cette couleur.
Ce gris c’est celui de la réverbération de la neige filmée, le fondu c’est
celui de la glissade de cette jeune femme en combinaison de ski,
imperméable, qui arrive dans le champ, s’assoit sur les fesses et se laisse glisser vers la pente. Selon son
projet de réveiller au quotidien souvent non vu.
De dos, se coucher sur la pente en neige
le chien aboie
il suit ce faux traîneau.
D.S
Victoria STANTON, And Here, 2'48, 2011
Par-delà les paysages et les états mentaux, allant d'un pays à une ville,
d'un chez-soi à jusqu'ici, je suis toujours à plusieurs endroits à la fois,
je vais et je viens, Je ne suis jamais entièrement là, mais il me semble
être presque arrivée ici (et ici et ici).
Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Faut Voir 47