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Vidéos d’Ici et d’Ailleurs
Denis DE LAPPARENT, Inspecteur Rui(z) en Chine, 4'25, 2011, France
ou la suite des aventures d’un inspecteur très particulier auquel rien
n’échappe et qui se rit des distances ; pour lui, comme pour les Chinois la
planète est un village global. La télévision le sait et le transmet, grâce à Miss
Wang, envoyée spéciale de Pékin. Elle “couvre” l’événement, en direct et en
langue des signes.
Ainsi suit-on et sait-on que l’Inspecteur Rui(z) est dans un train secret-
défense, mais le wagon SNCF est encerclé par une bataille enragée et les Aborigènes dansent, tenant leur
arc et des sagaies, alors qu’en face, les Autres sont armés de 357 Magnum et de kalaches.
Sur sa lancée, Denis de Lapparent sans perdre de sa verve ni de son acuité, construit au-delà de toute
logique des histoires, prouvant, s’il était nécessaire que le montage coud une vidéo de bouts épars venant
de partout et subrepticement glisse que la Chine le voit.
D.S
Jean-Michel ROLLAND, Training Doors, 5'53, 2011, France
Un objet vidéographique au sens fort, dont les composants agissent en
interne dans la modification du champ, selon une écriture métrique
assumée… un opus pour une porte, un train et un… loquet ?
L’Open Up de Volker Schreiner s’organisait sur la série d’ouvertures,
l’analogie du geste s’y imposait comme structurelle, ce qui imposait la
reconnaissance du plan comme schème plastique, avant tout projet
narratif.
D’abord était sérié le matériau - comme plus tard les couleurs franches - puis les usages : portes
extérieures ou intérieures, portes de meubles, enrouleurs de classeurs de bureau, avec ou sans poignée,
stores ouverts ou fermés. Parfois derrière une porte, une autre porte saisie par le trou de la serrure, ouvre
un zeste d’histoire quand une fenêtre, dont le rideau est tiré par une main, s’inscrit en surcadrage, ou quand
un arbre feuillu date l’été ou que le toit de tuiles de la maison d'en face dit qu’il a plu. La scansion est
première, elle forme musique répétitive, malgré la différenciation des éléments.
En 1991, le propos non sans humour décline les fondamentaux de la vidéo… en 2012, Training doors fait
musique de la vidéo, qui désormais use de et déconstruit l’écriture cinématographique, dans le plaisir de
cette écriture musicale.
Le montage alterné unit fortement le passage du train - T.E.R à deux wagons - aux fermetures d’une même
porte, par la même main.
C’est le champ qui se décompose en débordant le mono-écran pour le split-screen, celui-ci de plus en plus
sophistiqué par la multiplication des “fenêtres”. D’abord unique, elle parvient à la coexistence de champs
étroits, chacun en mouvement.
Une main ouvre, la main n’est plus LA main mais élément de composition de l’icone en mouvement.
Le son dirige, à tel point que le train - pourtant sur sa voie et sa propre vitesse - a des soubresauts
équivalents au tempo de la fermeture de porte. À tel point que le bleu se sature tant pour la montagne en
profondeur du champ que pour la couleur de la paroi du train, l’orange gagne le sol.
Les variations du tempo, ses accélérations en provoquent de visuelles similaires.
La liaison des composants fait film.
Simone Dompeyre
30 Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Histoire(s)