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Vidéos d’Ici et d’Ailleurs
Sylvia WINKLER & Stephan KÖPERL, Alexandra Open, 2', 2009,
Allemagne
“Dans le nord de Belfast, une grande clôture divise résolument et très expli-
citement, son parc public, Alexandra Park. Justifiée comme peaceline /
ligne de paix, elle a été érigée pour que les gangs de jeunes catholiques et
de jeunes protestants rivaux ne pussent s’affronter or à la suite
d’escarmouches répétées, il y a peu ou pas de chance que cette barrière
entre les deux communautés soit supprimée dans un futur proche.”
Qui peut écrire Tzaradis, la lente pousse durant 42 jours d’un radis sur la tombe de Tristan Tzara à Paris,
ne peut réagir à l’horrible quotidien du monde que dans la distanciation et l’humour fort… ainsi Sylvia d’un
côté, Stephan de l’autre, en une belle journée de soleil ont joué au badminton, au-delà de ce mur dont ils
disaient ainsi l’absurdité. Ils poursuivaient ainsi leurs “interventions dans l'espace urbain” qui, depuis 1997,
s’inquiètent de l’état du monde et le signalent. D.S
Ivi TOPP, The Dictator is dead, 3', 2012, France
La pensée occidentale préfèrerait croire que les dictateurs sont honnis et
que tout peuple aspire à leur disparition. Trois minutes suffisent pour une
leçon socio-politique, en une mise en scène simplissime pourtant.
Une chaise, une table, sur laquelle une canule jouxte un gobelet en
plastique empli d’eau ; successivement une femme au visage marqué, puis
un homme âge lui-aussi, mais rasé de près, et en costume et cravate,
s’assoient et se servant de la canule, posent au coin de leur œil une, deux gouttes d’eau simulant leur
peine. Le montage vertical marqué de pleurs, de cris, de lamentations en langue albanaise fonde une
situation historique. En effet, le projet vise à reconstituer l’ambiance de douleur nationale qui suivit le 11
avril 1985, l’annonce de la mort d’Enver Hoxha, leader communiste, dirigeant de la République populaire
d’Albanie pendant 40 ans. Des fragments d’interviews de la T.V.SH/ Télévision nationale albanaise,
prouvent l’hystérie collective qui secoua le pays… mais en y assemblant ce comportement de pleurs
simili, joué de surcroît par des personnes de la génération qui vécut la période communiste, il atteste
l’aliénation d’un peuple se rassurant dans sa peine exacerbée d’être dans le vrai, que “leur geste retrace
la duplicité du peuple face á l’oppression” dixit Ivi Topp. D.S
KirsiMarja METSÄHUONE, Transition Process, 5'02, 2012, Finlande
Transition process / le processus de transition désiré est celui de la
démocratie et des droits des hommes et des femmes. En diverses couches
vidéo, souvent teintées de bleu, un collage d’images d’actualité, de
documentaires, de pages de dépêches, redoublé par des paroles en voix
masculines ou féminines de sources aussi diverses, y compris l’historique
“je fais un rêve”, exprime l’absurdité du monde.
Un cri non de désespoir mais d’entraînement à agir pour qu’enfin le “processus de transition” soit. La geste
est politique, les textes tissent l’horreur des morts d’Hiroshima aux Pussy Riot arrêtées ; les plans
rassemblent les premiers pas sur la lune - “un grand pas pour l’Humanité” - et les femmes voilées, les
manifestations opprimées ; un gros plan de dos d’un policier précède des silhouettes en armes prêtes à
s’opposer à des manifestants et surgit un panneau d’interdiction des armes à feu, le rappel de l’apartheid
induit l’image d’un pendu.
Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Histoire(s) 31