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Suzan VACHON
pureté auquel elle aspirait et la société d’oppression. La poétesse vogua dans un mysticisme censé l’im-
merger dans le sens profond et la pureté et en l’éloignant du monde des hommes, la faire rejoindre celui
de l’authentique. Elle écrivit pour rejoindre le silence intérieur, pensant la mort comme mode d’existence
privilégié.
Suzan Vachon est captée par ce désir de l’illimité; por-
tée, cependant, davantage par la quête de l’adhésion entière et par l’im-
plication de soi sans intervalle que par la quête de la transcendance. Le
motif se transforme en appel à la plénitude, à l’authenticité.
La figure féminine qu’elle aime reconsidérer, peut être une dan-
seuse en tutu années 1930, en positif ou sous teintage rose ; elle peut
relier une fleur dépliée improbable à une plus « naturelle » et à une sil-
houette encapuchonnée susceptible d’être anxiogène dans un autre
rapprochement ; elle peut en portrait souriant s’entourer d’un cygne…
Chaque assemblage modifie son approche dans la mixité requise
des sensations. Ainsi l’emprunt, à Claude Gauvreau, d’un fragment de
Beauté Baroque devient titre d’une de ses compositions : Usine de sen-
sations ; ce syntagme semble irrévérencieux à l’encontre de ce qui est
produit par l’œuvre ainsi intitulée ; or c’est une glane dans la poésie
ainsi que les autres titres dont on comprend qu’ils forment une tempo-
ralité, nécessaire à la transformation.
Ce titre dénomme un diptyque iconique, emprunté lui-aussi aux archi-
ves : un visage aux contours flous, ravissant, souriant dans sa douceur du noir et blanc, au-dessus de
mains fines elles-mêmes poursuivies en un dessin d’enfant, heureux,
d’une tête de biche, dont l’œil vigilant fait signe.
L’atmosphère étonnamment calme de cette rencontre n’est
pas bousculée mais ouverte dans son questionnement grâce à un
court texte russe en cyrillique au-dessus des images, relancé par des
fragments du poème tracé à la verticale en rouge, y compris sur les
images.
Unsecond appel fascinant se fonde sur le portrait de
Federico Garcia Lorca, enveloppé d’un poème du Cante Jondo :
« La Luna Asoma ».
Ce poème-image se relie par la reprise d’un geste à la
Séquence Suaire, ainsi que des mots repris dans le tissage de ce
texte-exposition si en osmose avec l’itinéraire en poésie de Suzan
Vachon.
Des textes et des images; des mots et des formats; de la pensée en
amitiés des oeuvres.
1- Elle devenait une usine de sensations 85,8 X 140 cm Beauté Baroque, Claude Gauvreau et Le poème de l’Air de
Marina Tsvetaieva.
2- Séquence de la métamorphose
Carboniser le blême, 72,6 X 132 cm
Qui a peur de Georgia?, 72,6 X 161,67
J’obtins la certitude occulte que cet être pactisait avec le merveilleux, 72,6 X 177.4
Je venais de voir dans une averse de pénombre, des aurores blanches d’unicité, 72,6 X 177,4
3- Dans son dépôt et son apaisement, 197,16 X 38,03 cm
4- Séquence Suaire, 30,25 X 26,08 cm chacune des 25 images.
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