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                              Lili Plasticienne

                                            Glacial
                                    La femme élégante d’un océan glacial
                                    est encadrée dans une fenêtre bouchée
                                    et embuée par la carte géographique.
                                    A Reykjavík ou à Hécla, elle rêve,
                                    elle se souvient.
                                    Le cercle polaire barre son front,
                                    elle avale les îles Fer Oe, et son
                                    cœur frappe les Orcades et le Shetland…

                                             Jalouse
                                       La jeune femme, dans un ciel noir déchiré, relit la
                                    lettre à l’encre. Au médaillon de la petite fille priant,
                                    elle songe. Chaque mot perce et écorche.
                                    Des éclats de pellicule comme pour retrouver des
                                    bouts d’histoires. Ses yeux dardent et la beauté se fait
                                    ardente.

          Rature
   Au vent des nuages gris gonflés par le chagrin, j’er-
re devant la grille restée fermée.
Les arbres morts et tordus à la désespérance coupent
le chemin.
J’ai semé des cailloux blancs pour que tu me retrouves,
j’ai égrené les roses pour que tu reconnaisses mon arri-
vée, pour que tu ne m’effaces pas, j’ai marché long-
temps pour ne plus te perdre.
  Je me suis écorchée aux ronces, j’ai inspiré le parfum
du doute, j’ai songé à ne plus pleurer, j’ai cru.
J’ai cru. Comme on croit en Dieu, comme on croit.
J’ai cru.

     Au mauvais sort, à la traversée de la forêt enflam-
mée et infernale, j’erre.
Sans promesse. Lettres mortes. Sans réponse. Silence.

Souvenir                                                              Sans couture

Partout et toujours, le souvenir    La poupée amoureuse, sans bonnet et dévêtue,

cogne et s’écrit. L’esprit piquant  cassée, patiente. Elle a trouvé l’audace dans ses

se ment, nous ment. Le visage se    petits cils retroussés et sa bouche pleine d’éclats

morcelle, les mots se mélangent,    de rouge. Tatouée « sans couture », elle écoute une

les chiffres s’oublient.            histoire d’amour passionnée, sur un air de musique

Dans l’écran, le reflet se fait douloureux et jaloux. empoussiéré.

                                    Nadia Gilard

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