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Traverse projette à l’ESAV

puis accélère puisque le sol change, se désarticule, se dissout... elle en croise une autre mais ce n’est
que son double. Une mire scande ses tentatives comme elle adopte la couleur, elle aussi vibre, scintille.
Les murs se resserrent, les enjambées s’étirent, le corps tombe, se relève, tente de se sauver pour abou-
tir au «END». Traits, lignes, zigs-zags, carrés et autres formes plus rarement circulaires, se croisent et le
visage sans traits s’émeut, craint, s’inquiète, il prend vie en ces 3 minutes. D.S.

Carole Contant,Tournés,1,13min, Je ne suis pas une
voiture ni Van gogh, 5,47min, Noitulover, 2,41min, Avaler
Pierre, 4,58min

Carole Contant aime jouer avec le médium, faire
geste avec la caméra, danser sa vie, elle se dit Happy
Carole, elle qui fonda avec Colas Ricard, l’atelier des
Petits films en 2004, très courts films super8 d’une bobine
et selon une contrainte-presque-par mois : petit film sans
couleur mais pas en noir et blanc avec petit secret / un road
petit film / un petit film sur un fil / un petit film fantastique / un
petit film qui joue avec les mots / un petit film au hasard / un petit film l'air de rien / un petit film avec une
bicyclette… quant au petit film sportif : Tournicoton, : « Est-ce le modèle qui tourne autour de la caméra
ou le contraire ? Le bonheur dans la contrainte libre… une autre aptitude à tourner, un oufipo/ ouvroir de
film potentiel. »
Le Grand prix du jury présidé par Vincent Dieutre, l’a décerné à Je ne suis pas une automobile ni Van
Gogh au Olonne Festival Films. Toujours dans le sourire, Carole commente : « en échange du Coffret
Pierre Etaix que j'avais déjà, j'ai demandé le coffret Babel de Boris Lehman aux Editions Yellow Now et j'ai
bien eu mon premier prix par la poste depuis ! »

Ce que l’artiste dit de ses films :
Tournés ( 2013, mobile, couleur) - Dans la série des films tournés-dansés, je tourne
ici dans tous les sens du terme avec la caméra, sur moi, le parapluie dans la main, autour d'un arbre, la
caméra, afin d'atteindre au vertige du baiser manqué.
Je ne suis pas une voiture, ni Vincent Van Gogh ( mobile) - Je ne suis pas une voi-
ture, on m'a soulevé le capot, opérée, refermée plusieurs fois dans l'oreille. Objet d'exploration interne,
morceau à bricoler. Mes films sont flous et mouvants comme des tableaux de Van Gogh, m'a-t-on dit par-
fois ; mon oreille droite nest pas coupée, seuls le sont osselets, marteau, enclume, étrier.
Krash 40 ou « noitulover » (super 8 couleur, work in progress) Colas Ricard deman-
de à 40 cinéastes de tourner leur dernière bobine super 8 kodachrome 40 avant que cette émulsion ne
disparaisse totalement de la surface.
Avaler Pierre (couleur)
En 2013, Guillaume Pinard dessine Pierre, reprise de la nature morte Les dons de l'automne, peinte à
l'huile par Pierre Bourgogne en 1884. Il dessine au fusain patiemment contre le mur immense du patio du
musée des Beaux-arts de Rennes. Au printemps, avant qu'elle ne disparaisse, je filme cette abondance
monumentale. Avaler Pierre exhume la re-création comme expérience du deuil, digestion d'un monde, d'un
autre temps, de l'absence par sa représentation spatialement rendue à sa démesure.
Ce film est une lettre d'admiration à l'artiste, à son élégie au fusain, ou plus précisément une élégie de
cette élégie au fusain, soutenue par le pouvoir curatif des mots. A ma demande, ainsi formulée - donne-
moi un mot que tu aimes, que tu aimes dire, entendre, donne-le moi avec tout ton amour - des langages
s'entremêlent pour tisser cette poétique du divers et de la relation, chère à Edouard Glissant. Un autre
sédiment apparaît et disparaît sur la peau maculée au fusain : l'abolition de l'esclavage, autrement sug-
gérée, la négritude effacée dans le long poème d'Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal.

Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus 17