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Traverse projette à l’ESAV
Yannick Dangin-Leconte, Do something
supernatural, 7,30min
« Chaque époque a son propre sys-
tème de genres, qui est en rapport avec l'idéologie
dominante. Une société choisit et codifie les actes qui
correspondent au plus près à son idéologie ; c'est
pourquoi l'existence de certains genres dans une
société, leur absence dans une autre, sont révélatri-
ces de cette idéologie. » Todorov commentait ainsi la
motivation du genre.
Parmi les genres, la lettre, lettre à… puisqu’elle se motive par le désir de communication avec
un destinataire particulier ou prétendu l’être, se décline en autant de styles que se diversifie sa raison d’ê-
tre : nouvelles de soi, amour, consolation, conseil, plainte et autres nécessités sociales liées à quelque
événement réel de la vie. Son écriture est reflet du scripteur mais elle se modèle aussi à l’image qu’il se
fait de son récepteur. Elle garde des accents de la conversation et des formulations du quotidien, lors-
qu’elle concerne la proche.
Do something supernatural prend de tels méandres pour une parole, sincère, signée par l’impli-
cation même de son réalisateur, dans le champ.
Yannick Dangin Leconte écrit sa lettre en une vidéo qui va d’un de ses lieux à un autre et qu’il
débute sur le Dies Irae du Requiem de Mozart significatif de son esprit. Il glisse dans son discours en ima-
ges, ses inquiétudes - la maladie d’une proche qu’il nourrit- ses plaisirs, le concert de Rock en Seine
auquel il emprunte Ghost IV pour la bande son, et lui-même dans son appartement. La voix qui dit répon-
dre à un message est féminine et anglaise : elle donne des nouvelles de la mauvaise santé d’une femme
souffrant malgré les médicaments qui ne sont que « pipi de chat ». Elle se déroule en contrepoint sur les
images variant d’échelle, de couleurs, opérant des zooms, passant de la scène au public et à ses gestes
topiques, qui s’accordent à la tonitruance de ce concert. Le montage alterné rapproche le constat de dou-
leur à deux scènes de repas en axe inversé, d’une femme aidée par le réalisateur.
Le monde reste là, ce sont des fondus qui opèrent le passage de l’extérieur, routes et immeu-
bles ou arbres, marquage de sol bitume ou herbe, ciel, à l’intérieur de son studio et de sa vie. En plan fixe,
lui, seul en contreplongée, pour un autoportrait sans mouvement ou en actes, coupant du melon ou enco-
re écrivant à même le sol de sa chambre.
Une lettre fût-elle vidéo peut choisir de détourner ce qui importe le plus, jusqu’à l’inverser. Au
titre premier de celle-là, invitant à agir différemment, à abandonner son comportement du quotidien, s’en
greffe un second, en surimpression et écrit en miroir The vampire execution.
Simone Dompeyre
Sandrine Deumier, Magical Garden, 2,25min
« Dream your life»
Magical Garden s’intéresse à l’illusion et aux
pseudo-réalités virtuelles applicables aux sentiments.
Dans l’espace symbolique du jardin idéal, entendu comme
espace prégnant - espace utopique et lieu idéalement por-
teur de tous les dérapages fantasmatiques du réel, l’hy-
per-individualité est dupliquée en double idéal - le clone-
amant devenant le syndrome même de cette utopie de
l’âme sœur, retravaillée sous un mode génétique.
Musique originale : Wicked Mantra, Alex Pop
(Voir performance page 82)
Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus 19