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Traverse projette à l’ESAV

Anthony Rousseau, Oeil, 1min, Climax, Ritournelle, 1min,
Sanatorium, 1min, Je danse comme un papillon, 3,08min,
Alice 1/2, 33sec, Alice 2/2, 36sec

« Je me permets, à l'invitation de Simone Dompeyre, direc-
trice des Rencontres Traverse Vidéo, d'écrire ces quelques
lignes sur les processus de créations liés à ma production
audiovisuelle.
Avant de commencer ce petit texte, j'aurais aimé parler des origi-
nes de mon attachement au médium vidéographique : c'est en
1990, au lycée, que j'ai commencé mes premiers pas en vidéo en collaboration avec mon professeur d'arts
plastiques, en élaborant un projet de court métrage sur la question de la création et de la communication.
Puis j'ai intégré une école des Beaux-arts où j'ai pu approfondir mes connaissances de l'histoire
de l'art vidéo et expérimenter diverses méthodes d'approches de l'image fixe, en mouvement et
interactive en collaboration avec différents professeurs et artistes, à travers la réalisation d'images
numériques, de vidéos, d'installations, de performances et d'œuvres interactives.
La question du processus est complexe, car elle implique une sorte de typologie de la création ou un mode
procédural qui n'est pas toujours aisé d'identifier et d'analyser (surtout pour l'auteur).
Je vais tenter dans ce paragraphe, d'émettre quelques pistes de travail sur ce qui pourrait défi-
nir cette volonté d'« aller de l'avant » et les moyens mis en œuvre pour y parvenir.
J'ai découvert les précurseurs de l'art cinétique, de l'art vidéo et des arts numériques mais aussi le cinéma
et la musique expérimentaux et j'ai toujours été animé par ces sentiments de vouloir découvrir et d’explo-
rer d'autres territoires, des territoires hybrides et ouverts.
J'ai trouvé dans le médium vidéographique les moyens de cette puissance créatrice, je voulais
écrire des poèmes visuels, des nouvelles et réaliser des coupes dans le réel, poétiques et violentes, tou-
tes sortes de choses que la vidéo permettait, car son « essence » même, est d'être un médium de la conta-
mination... Dès le début d'une création, il s'agit d'une nécessité intérieure poussée par des forces exté-
rieures, il y a toujours un point de départ comme la lecture d'un roman, l'écoute d'une musique, un fait per-
sonnel, social ou culturel, qui font que vous pouvez « transposer » un sentiment, une idée, un point de vue
(le monde de l'informe) dans une sphère créatrice : celle des formes, mais c'est toujours un combat et une
confrontation qui peuvent être douloureux, cette fameuse confrontation au « réel ». Il s'agit alors de mener
toute une stratégie liée au temps, à la persévérance, à l'effort, et aux choix des outils qui seront les plus
pertinents pour traduire ce passage de l'informe à la forme, sans scénario ni idées pré-conçues.
Je pense que cette idée de l'économie de moyens est essentielle pour s'émanciper des contrain-
tes notamment budgétaires et pour être plus léger et plus libre pour expérimenter. Le choix des outils est
primordial car il induit déjà un acte de création en soi, il est votre levier pour métamorphoser une idée en
une forme originale et précise.
À la spécialisation dans la création, j'ai préféré la transdisciplinarité, l'hybridation et les transver-
salités. A la sophistication de certains outils, j'ai souvent choisi des outils communs comme la webcam, le
téléphone portable et des outils plus simples pour créer, car j'ai toujours pensé que ce que je faisais, tout
le monde pouvait le réaliser, car j'appartiens à ce monde et ce monde m'appartient quand il nourrit mes
créations. »

Anthony Rousseau juin 2014

Oeil - 2012
Hommage au cinéma expérimental… Un œil est filmé en gros plan, on perçoit à sa surface les

reflets et les clignotements d'une séquence cinématique composée d'un flux visuel. Les effets de ce
« flicker» semblent toucher le regardeur à la fois physiquement et psychologiquement…

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