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Traverse projette aux Abattoirs
Agnès Quillet, Hommage à la télévision analogique, 1min
Derniers bégaiements des images analogiques avant l'arrivée
du numérique.
Urbug, 1,53min
Found footage numérique autour du visage - paysage
Neige, 3,16min
J’avais cette matière vidéo qu’est la neige. La musique de
Alfred Schnittke m’a donné une histoire. Le film est né.
(Voir page 122)
Thomas Lasbouygues, Géothermie, 10,36min
Géothermie, en 10 min 36 secondes, garde les
traces du voyage en Islande du réalisateur :Thomas
Lasbouygues. La vidéo en transforme les paysages
typiques, en y mêlant une relecture numérique pour une
partition variant plans fixes/plansen mouvement, comme
autant de blanches et de noires. Un compteur s’inscrit
tout au long de la déambulation, il déroule le temps.
Cependant la perturbation de l’image, par fragmenta-
tion, accélération, invente sa propre densité temporelle.
Et le réalisateur se fait peintre quand loin d’un simple constat en un appel au sursaut éco-
logiste, il réactive le regard sur cette terre. La bande sonore participe à cette convocation de prise
de conscience ; elle associe à des sons métalliques et à ceux de la machine numérique, le bruit du
vent et des sons captés de la nature.
Géothermie comme de nombreux termes scientifiques se colle à l’étymon, ici le grec géo/la terre
agglutiné à thermos / chaleur ; la dite science étudie les phénomènes thermiques internes du globe
terrestre ainsi que la technologie qui les exploite. C’est aussi parfois l'énergie géothermique issue de
l'énergie de la Terre, convertie en chaleur. Thomas Lasbouygues dérive de la réflexion sur le réchauf-
fement vers celle sur l’image numérique/calculée des phénomènes thermiques.
Les images s’apparentent à celles des caméras de surveillance. Le paysage est ainsi analy-
sé, surveillé, alors que l’image est questionnée par les altérations et effets qui lui sont affectés.
Les paysages sont désertés et gris y compris paradoxalement les plans de volcan alors que l’écritu-
re calculée les entraîne vers le fictif. La terre abîmée est mise en parallèle à l’image « abîmée » par
les effets numériques.
L’image est aussi contrôlée que son sujet.
La vidéo est doublement réflexive. Si compteur, titre et sous-titres déplacent l’image dans le
registre scientifique, elle ne s’y enferre pas, nous emportant en un élan poétique. Le travail de Thomas
Lasbouygues s’approche du paysage en un double sens par sa fonction esthétique/ le paysage-genre
comme dans son apport par le biais de données physiques à la pensée écologique/ le paysage partie du
monde.
Cette relation science/poésie numérique prouve son double engagement pour la terre et pour la création
numérique.
Julien Lagorce
30 Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus