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Traverse projette aux Abattoirs

                                              Nicolas Carrier, Wolves and Dogs, 7,37min
                                                         Le noir et blanc du film enveloppe d’une certaine

                                              étrangeté le comportement d’une bande de jeunes gens que
                                              l’un, plus âgé, dirige. En accord avec l’absence d’informa-
                                              tion, la précision des contours se perd alors qu’ils s’enfon-
                                              cent sous les bois, après avoir quitté le parc de bicyclettes
                                              et un espace planté, tout aussi dense l‘un que l’autre. Ils
                                              écoutent l’un d’eux, qui se détache face à eux mais le dia-
logue reste tu, inaugurant le manque d’explication général alors qu’une bouteille est tenue à tour de
rôle .
           Un plan noir coupe leur avancée, avant de les retrouver dans la nuit ; une sorte de rite débute,
avec son officiant et le suivi de gestes : la bouteille posée au sol est au centre du cercle qu’ils forment ;
nul besoin d’indication parlée. Le premier verse, dans de petits verres, la boisson dont les signes de l’éti-
quette indiqueraient au japonisant de quelle boisson il s’agit, les autres se contenteront de ne pas y recon-
naître une bouteille de saké malgré la petitesse du verre mais cela sans sûreté ; le film n’est pas un repor-
tage. Ensemble, ils tapent une fois dans leurs mains, se penchant cérémonieusement comme ils le feront
au moment de se quitter hors des arbres, puis applaudissent brièvement et repartent, désormais l’un der-
rière l’autre ; à la pause, l’un boit directement au goulot, imité plus tard sans recherche de se conformer à
un modèle, l’attitude devient moins rigide, plus diversifiée. Se courbant pour se saluer, les jeunes se quit-
tent…
          Pourtant, puisque le film s’approche d’un comportement étranger mais si peu inquiétant et puis-
qu’il se dévoue entièrement à ce moment, le désir de savoir entraîne à chercher sa motivation : ce
groupe commémore ce qu’était Musashino, ville située dans la Préfecture de Tokyo, avant sa fondation
après la guerre, le 3 novembre 1947. On apprend aussi qu’une bière, faite de malt d'orge et de houblon,
fabriquée là, partage ce nom, enfin que le parc d’Inokashira, malgré l’emplacement proche de la gare et
des campus étudiants, reste le seul endroit d’origine avec une véritable richesse de plus de 20.000 arbres
centenaires.
          Ainsi rien n’y répond aux loups ni aux chiens titrologiques ; si ce n’est métaphoriquement
cette proximité et cette opposition entre le sauvage et le domestiqué ; mais la nature ancestrale est
fort adoucie par ses sentes dessinées, des clairières où s’asseoir et les lumières jaunes de la ville-
                                     si proche; quant aux rites, ils inscrivent en l’homme les obligations
                                     sociales. Simone Dompeyre
                                     Erell Latimier, À Ismène, 10min
                                           Le film À Ismène est la mise en scène épistolaire à sens unique
                                     d’une Antigone, qui, loin des événements passés, écrit à sa soeur,
                                     Ismène. L’adresse est forte et la réception incertaine voire impossible.
                                     Les images exposent une figure morcelée et certainement fictive qui tra-
                                     verse des lieux partiellement désertés. Les espaces prêtent à penser la
                                     géographie d’une île et accompagnent
                                     l’histoire, toute en ruptures et efface-
ments du personnage.

P.Y FREUND, Terre noire, 2 min
« La plupart des gens se contentent de faire ce qu’elle a toujours fait :
aujourd'hui sera comme hier, et demain ça continuera.»
DansTerre Noire, en métaphore, la caméra est la pelle qui creuse la terre
et qui la creuse et qui la creuse.
La terre se colle à l'objectif, l'image se dédouble, quelques éclairs de
lumière disent la non fin.

Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus                                                         31
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