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         Carte Blanche à Vanja Andrijevic BONOBO Studios

                 vision du futur. Ce qui peut mener à l’élaboration de signaux d’ancrage pacifique dans le temps. Ce sont
                 quelques-unes des raisons pour lesquelles je fais des films numériques qui imitent l’analogique. Pour
                 apporter un éclairage sur la mort comme si on la voyait dans un rétroviseur. Regardez, le monde est der-
                 rière vous, chante le Velvet Underground dans Sunday Morning.

                 CE: Comme vous l'avez déjà expliqué, les nouvelles technologies produisent immanquablement de nou-
                 veaux artefacts qui alimentent éventuellement la nostalgie. Je peux imaginer que les générations futures
                 diront : “Instagram 9.4 est épouvantable, vous souvenez-vous du tout premier Instagram?". N’avez-vous
                 pas conscience que vous développez des techniques analogues en les simulant sur ordinateur ?
                 DB: Le film lui-même est l’un des médiums qui utilisent le plus la technologie, la technologie définit et struc-
                 ture son esthétique. Je ne pense pas créer de l’entièrement nouveau, ce que je fais est codé dans l'es-
                 thétique/ la technologie inhérente au milieu : cadre, durée, caméra, écran.
                 Cependant, je ne le considère pas comme relevant du pastiche ou du répétitif de ce qui a déjà été fait. Ce
                 faisant, avec les nouvelles technologies, nous entraînons le travail vers de nouvelles perspectives. Par
                 exemple, le processus technique est beaucoup plus facile, plus rapide, contrôlable, malléable, etc. Il m'a
                 permis, précisément, de produire moi-même de nombreux films dans des délais restreints, comme si je
                 composais sur un instrument de musique.

                 CE: Votre conception sonore est incroyablement cinématographique. La composez-vous avec les mêmes
                 procédés avec lesquels vous composez les images?
                 DB: Je crée le plus souvent mon propre fonds sonore avec Fruity Loops, musique assistée par ordinateur.
                 Pour Amnesiac on the Beach, de 2013, j'ai travaillé avec le compositeur Tomislav Babic avec lequel je par-
                 tage le penchant pour la musique expérimentale telle que le Krautrock, l'atelier radiophonique de la BBC,
                 les environnements sonores de science-fiction, les bandes sons des films et des séries télévisées des
                 années 70. Par ailleurs, tous mes films précédents ont été construits sur la base du concept musique / son,
                 qui créé l'ambiance et dicte le rythme visuel des films, qui, en outre, ont été réalisés plutôt rapidement.
                 (...)
                 Marienbad First Aid Kit de 2013, fait référence
                 à L'Année dernière à Marienbad de Alain
                 Resnais, de 1961, lui-même censé s’inspirer
                 de La Invención de Morel, de 1974, d’Adolfo
                 Bioy Casares.
                 CE: Parlons de certains de vos dispositifs
                 narratifs.
                 DB: J'aime à imaginer mes films comme des
                 manifestations ectoplasmiques de nos mon-
                 des intérieurs. Pour moi, le cinéma ou la
                 vidéo sont un lieu imaginaire entre la vie et la mort, une idée que j'explore explicitement dans
                 Amnesiac on the Beach. Par exemple, mes personnages de Ghost Porn in Ectoplasm, But How?,
                 Don’t you want to hear my side? et de The Spectres of Veronica, 2011, font allusion soit à des vaisseaux
                 soit à des êtres possédés par des forces inconnues; ils ne sont pas conscients de la nature ou des
                 conditions de leur existence. Cela reflète ma propre vision de la réalité. Les humains sont des étrangers
                 dans une terre étrange, possédés par la conscience, l'esprit de nulle part. Dans Amnesiac on the Beach,
                 imaginer qu’en raison de la nature de notre esprit et de notre système nerveux, chaque communication
                 (interpersonnelle) n’est autre qu’une télécommunication; que tout contact avec le monde extérieur est une
                 diffusion, une interprétation, comme la télévision, m’a amusé.

Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus                                                                             57
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