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Kyra CLEGG / Su GRIERSON

Deep beneath within

Une strophe ouvre Deep Beneath Within, au-delà de sa portée poétique, par la séparation des mots
qui la composent, plan après plan, elle délègue des potentialités de pensée pour chacun d’eux selon le projet de
Su Grierson et Kyra Clegg. Ces deux artistes écossaises le réalisent, réunies par la même quête d’une relation har-
monieuse avec le paysage de leur terre natale au – delà des clichés touristiques. La traduction du titre intraduisible
passe de Profondément Sous Dans ou Dans l’intérieur sous les profondeurs, c’est dire que la logique n’est pas celle
du quotidien.

Elles désirent le rapprochement avec la Nature repensée et non plus polluée par la projection roman-
tique sur ces terres. Leur film s’éloigne du documentaire qui pourrait prouver la réalité de leur Écosse à elles, il est
parole plasticienne; paysage vidéographique que l’humain traverse sereinement, provoquant méditation et recon-
naissance de l’être ensemble, homme et animal. Tel gros plan d’un cheval est pourtant transformé par quelque effet
vidéo, l’espace diffère des cartes postales traditionnelles. Les plans, au ralenti le plus souvent, décrivent la mer dans
ses différents états, sur un rivage tranquille, mais avec des effets de dédoublement, de grand contraste ou en négatif.
Le refus du romantisme facile s’opère par la découverte de gestes du labeur: une plante que l’on déracine, la terre
que l’on retourne ou le recouvrement de sable d’un petit macareux moine échoué sur la plage. L’homme sait gérer ce
lieu, sans exhibition de puissance; il sait qu’il est un des plus dangereux pour les marins. Le flâneur arpente la grève
malgré le vent fort. Les activités suivent le cycle de la vie, elles savent en profiter.

Un bâton trace une ligne éphémère sur le sable, la zone baignée par la mer se travaille comme la terre
du labour. L’homme s’y adonne, en ne négligeant pas sa nature, de façon consciente, il s ‘occupe de chaque lopin
comme de biotope différent, pour lui donner plus de chance.

Deep Beneath Within entre en cohérence avec le projet Land of the living / Terre du vivant, qui se fait
quête des différences géographiques, afin d’engranger des connaissances précises des diverses régions écos-
saises. Un portrait de la terre écossaise par ses habitants amoureux d’elle.

Cette affection pour sa terre sans exaltation nationaliste, sans nostalgie craintive, prouve que l’on peut
signifier son lieu de vie en une écriture contemporaine; elle discerne la picturalité de la composition vidéographique,
la promenade est heureuse.

Deep Beneath Within redouble son atteinte de profondeur en un très grand écran qui vous happe depuis
l’entrée de la chapelle, tant sa lumière rayonne.

TRAVERSE VIDÉO

CHAPELLE DES CARMÉLITES

INSTALLATIONS 103

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