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Jérôme COGNET
Guérilla_Hubble
« Le monde est rempli de résonances. Il constitue un cosmos d’êtres exerçant une action spirituelle.
La matière morte est un esprit vivant. »
Vassily KANDINSKY
Désastres / Des astres. Révolution des astres et Cosmos de la révolte.
Jérôme Cognet fait se rencontrer des champs magnétiques divers qui convergent vers la vidéo, creuset
des interrogations sur la société de l’image outrée. Les techniques des scientifiques tentent par tous les moyens de
percer l’invisible, l’infiniment petit, l’infiniment grand, la matière et l’énergie noires, les fonds sous-marins, percevoir
dans le noir des lueurs d’existences en mouvement.
Pour Guérilla-Hubble, l’artiste vidéaste a retenu des éléments de l’imagerie scientifique captée par le
télescope Hubble lancé en orbite en avril 1990. Doté de caméras visibles, à infrarouge et à ultraviolet, l’instrument
encore opérationnel aujourd’hui a provoqué une révolution dans la lecture des astres et de leurs mouvements. Le
chaos devenait peu à peu lisible mais gardait toujours une masse de mystères. On découvre alors des galaxies, des
nébuleuses, des vortex, des trous noirs insoupçonnables, un mouvement perpétuel, une respiration du cosmos avec
des images étranges telles des explosions, des violences de vitesse, les balbutiements de l’univers.
Pour la matière sonore, Jérôme Cognet se concentre sur les sons captés lors de manifestations,
d’émeutes, de guérillas, événements ponctuels qui rappellent que le tissu de la société peut se fissurer à chaque
instant. Le son délivre alors des grondements, des cris, des bruissements, des combats qui évoquent un désordre
social.
Il s’agit dans cette vidéo de jumeler les vibrations et les trajectoires de l’univers avec celles liées aux
bouleversements sociaux dans une sorte de « chaosmos ». C’est peut-être dans cette « identité interne du monde
et du chaos » comme le mentionnait Deleuze en reprenant ce terme à James Joyce, que la totalité des résonances
et agencements des étoiles et des hommes révèlent leurs déterminations communes qu’elles soient impulsées par
des forces objectives ou subjectives.
Jérôme Cognet retravaille ces images satellitaires, militaires, et les mixe avec les bruits recomposés
de la rébellion. La révolution imagée des astres rencontre le cosmos sonore de la révolte. L’artiste pose ainsi une
hypothèse. Les mouvements de l’univers ont-ils les mêmes trajectoires que les mouvements des insurrections ? De
même, le bruit assourdissant des émeutes et des manifestations n’est-il pas sur la même longueur d’onde que les
sons des constellations ?
104 GALERIE CONCHA DE NAZELLE
INSTALLATIONS
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