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Sophie DESCHAMP

                                       Zetal face, Toulouse

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              Zetal face rassemble des préoccupations plastiques liées à divers médiums et genres. Y sont convo-
qués les nécessités du calcul géométrique, les notions d’espace, de projections d’images, le désir d’abstraction mêlé
à celui de figuration, le reflet et le blanc pour une construction tridimensionnelle variant selon l’implication de la qua-
trième dimension : le temps. Un temps non humanisé puisque les images diffusées sont autant d’abstractions nettes
et qu’elles n’apportent pas de trace de vie mais ombres et reflets semblables aux supports qui les reçoivent. Noir et
blanc et leurs déclinaisons en gris divers participent à cette assimilation de la pièce projetée et de la pièce réceptacle.
Rien de trop, rien de superflu, la rigueur s’impose dans l’organisation de cette ville en plan, dont avancées et super-
positions étagées en redents restent tout aussi parallélépipédiques. De petits miroirs de face et des pans de verre
pouvant déborder la plaque horizontale, renvoient luminosité comme obscurité des images projetées de même veine.

              Le support de l’image en est aussi le modèle. La dimension n’a plus de repères de l’existant, elle est à
elle-même son propre étalon. Le réel est la maquette et le film la projette comme source. Et ce d’autant plus que la
fonction architecturale s’y défait de la force, de l’imposant pour une appréhension du fugace et la reconnaissance du
matériau polystyrène y travaille sans doute.

              Stricte et secrète, Zetal face cache l’origine de ses images projetées sous un cube noir d’où se diffuse
un faisceau de lumière dans l’obscurité de la pièce. Le temps en perd les notions d’avant et d’après car la vigilance
sur les formes découvre que ce sont des points de vue divers qui se cumulent, en se permettant le renversement des
directions. Se comprend alors simultanément, la fonction des verres et des miroirs qui augmentent la distorsion de la
fonction d’une maquette et par ricochet de l’espace euclidien et la formation d’un temps / non-temps.

              Zetal face, en renversant l’ordre de l’alphabet grec, Zeta y devançant Alpha, invente son nom, un
étrange toponyme adéquat pour une non-ville. Nom adéquat pour un espace n’étant que figures d’espace où «face»
gagnerait en polysémie. Y lire, en effet, et la face d’un volume et sa figure, les deux se réunissant pour une organisa-
tion de l’espace se faisant et se défaisant, sans raison apparente que son mouvement. Ce nom appelle, aussi, aux
souvenirs des villes d’anticipation, mais l’installation reste discrète sans signes extérieurs de science-maîtresse, de
désir de conquête… elle se fait architecture suspendue sur temps suspendu.

                                                                             Simone DOMPEYRE

                           GALERIE CONCHA DE NAZELLE               109
                                   INSTALLATIONS
                                                             21/06/2015 19:48:53
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