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Catherine ALVÈS
Ponctuée dans l’avancée de l’homme, en légers grincements lorsqu’il glisse de l’image au silence iconique; en
aigus jamais stridents et clochettes lointaines quand le champ est saturé de cailloux et de petites fleurs blanches. Ja-
mais la bande-son ne se permet de faciles envolées lyriques ou anxiogènes, elle se joue avec le danseur, lui-même
note de cette partition et très précisément quand, dans la profondeur du champ, en haut du tertre, il se fond quasi-
ment dans le noir / blanc de celui-ci, avant de l’abandonner, arrivé à sa crête. Après la scansion par le lieu désert, un
changement de couleur, d’axe, d’échelle - le demi-ensemble décrit davantage le rapport de la gestuelle et de la friche
aux plantes basses et sauvages, alors la profondeur du champ intègre une cheminée d’usine.
L’homme poursuit son mouvement oxymore en sursauts non brusques; en accord, le raccord syntagma-
tique, avec le dernier temps, préfère le fondu au plus près du sol et s’ouvre l’adagio final.
4O minutes s’imposent pour que le corps en imperceptible amorce, rampe de dos, doublé encore de son double -
ectoplasme; la tête se lève, se baisse pour aider l’avancée sans trace d’effort, les yeux vers un ailleurs : le bras se
tourne, le pied en chaussures de marche de toile glisse, se plie un peu, se rallonge… jusqu’à la traversée totale du
champ inversant le sens de la lecture mais celui qui a su voir, hypnotisé par ce pianissimo, est resté dans la récapi-
tulation d’un mouvement vidéographique, dans le dépliement du vu.
Simone DOMPEYRE
Photo : Roberto ALVAREZ 95
CHAPELLE DES CARMÉLITES / L ’ENVOL DE CRANSAC
INSTALLATIONS
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