Page 98 - catalogue_2015
P. 98
Sébastien BOUDIT / Christophe LUSTRI
Dédale est pensé comme l’astuce en son acmé, il est le responsable de l’habitacle en forme de vache pour que
Pasiphaé copule avec le taureau, ce qui le prouve sans questionnement sur la commande ! Plus, proche de son
nom, mais dans la miniature, il résolut un problème de déplacement, lorsqu’il releva le défi consistant à accrocher
un fil au fond d’une coquille d’escargot, ce qu’il résolut en accrochant le fil à une fourmi, qui se faufila sans difficulté
dans cette coquille.
Puisque la complexité fut si emblématique de son nom, tout bâtiment intégrant un chemin difficile à
suivre, le prit par antonomase. Dédale devint synonyme de labyrinthe.
L’installation souscrit au chemin biaisé, aux détours et aux impasses mais en un chemin de lumière. De « celle qui
brille pour tous », elle n’apprécie que la luminosité. Des ampoules s’allument, semble-t-il aléatoirement selon la
démarche de celui qui entre, cependant une organisation interface commande, elle a réclamé son Daídalos. La so-
phistication du processus de l’installation prouve, en effet, la maîtrise des nouveaux outils d’architecture, l’ordinateur
et ses softwares, la perspicacité nécessaire, le calcul à l’œuvre pour que s’allument les balises du chemin tracé,
au sol comme sur les traverses de bois mimant des parois entre lesquelles avancer. Pour que le corps de celui qui
s’y avance se projette devant lui, que le visage s’y agrandisse en plan moyen débordant la taille humaine, que les
ombres se mêlent à ces images mouvantes. Les concepteurs en sont deux, le projet iconique, la variation d’images,
cette création semblant naître de l’arpenteur réunit les deux pans techné / poïesis.
La techné reste apparente à qui se tourne pour saisir d’où vient la lumière et pourquoi l’on y fait ombre.
Platon rode à nouveau avec son allégorie, porteuse de la question de l’origine de la lumière et de l’illusion de ce que
l’on pense vrai. Avec cette variante que ce n’est pas une ombre créée par un objet extérieur, mais celle de celui qui
ose s’aventurer. Les artistes préfèrent y inviter à une « quête de sens, (une) voie à suivre, (un) lieu du possible »
C’est de confiance et de bonheur de l’image renouvelée dont il s’agit et non d’une leçon de morale ressassée.
Simone DOMPEYRE
Photo : Beatriz MATIAS
CENTRE CULTUREL BELLEGARDE 97
INSTALLATIONS
21/06/2015 19:48:42
Maquette V3 2015.indd 99