Page 17 - catalogue_2016
P. 17


Des mots... Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 17

Par exemple, Pieza Atonal Disonante de Carlos Martinez,
où la pièce dans laquelle déambule un être devient
métaphore du corps, une pièce-chair ou pièce-corps.
Ce lieu habité par un hermaphrodite ne s’ouvre que sur
une petite fenêtre, seule relation vers l’extérieur et évi-
demment trop petite pour être une sortie. La lumière
qui en émane semble venir d’un espace inaccessible,
un espace autre sans doute désiré, tout en étant, dans
mon souvenir, la seule source qui éclaire la pièce et le
corps. Cette vidéo bien qu’elle induise une réfexion
sur le regard vers l’altérité, évoque simultanément les
possibilités autres, la différence, et le non conforme.
En effet, la programmation de l’Atypique Trouble provo-
quait de véritables réfexions poétiques. Elle évoquait
la possibilité de pensées alternatives et ce, dans la création
artistique actuelle et dans des champs divers voire autres
que ceux des arts.
La vidéo de Bettina Hoffmann, Effeurer, déroule un
seul plan captant des personnes dans une chambre,
© R.Larroque totalement immobiles, le long d’un travelling constant
ce qui entraîne le questionnement sur l’arrêt dans le
temps, le suspens. Cette brèche dite « le présent » et que l’on effeure au moment même d’y réféchir,
s’avère un temps dense de l’attente alors que, cependant, c’est un moment où tout peut basculer.
D’autres pièces d’artistes très divers entraînaient à s’interroger sur le quotidien en construction.
Toutes rappellent que l’on a besoin de l’atypique et du trouble pour continuer de questionner ce qui
est établi et de transformer le conventionnel, considéré comme le naturel et la seule vérité.



Mikel Otxoteko... depuis l’Espagne
Parfois, la réalisation d’un projet audiovisuel réclame de quitter les chemins canoniques. Ainsi, l’écran
conventionnel, suspendu frontalement face aux fauteuils de l’orchestre de la tradition cinématogra-
phique n’est-il pas la seule option pour projeter ces travaux. Et personnellement, je crois que l’un des
piliers fondamentaux de l’initiative de Traverse Video tient à cette certitude. Le festival assume ainsi
un risque que j’aimerais mettre en valeur.
Ouvrir sa sélection à des oeuvres qui dépassent les conventions ou qui hybrident l’audiovisuel avec
d’autres disciplines, entraîne des diffcultés propres à ceux qui se confrontent à la diversité des formes
et des processus, afn de parvenir à des résultats qui, en de nombreuses occasions, auraient été jugés
improbables. Par cela même, simultanément, se crée une relation différente avec le public. Disons qu’est
offert au citoyen, ce qui, sans cette proposition-là, n’aurait peut-être, pu être montré ou l’aurait été de
manière inappropriée ou marginalement.
Il va de soi que la pertinence de cette action, impulsée par Simone Dompeyre depuis une vingtaine
d’années, ne peut ni ne doit être limitée à une telle remarque. Cependant, pensant que d’autres que
moi sauront mieux rendre compte de ses autres qualités remarquables, pensant combien il importe pour
l’avenir, que se poursuive ce festival, je choisis de lancer avec force toutes mes fèches vers le même point.
En effet, je dois dire que c’est grâce à sa pugnacité, que j’ai pu exposer à Toulouse, et très précisément
   12   13   14   15   16   17   18   19   20   21   22