Page 21 - catalogue_2016
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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 21

là, l’espace entre deux écrans et là, en en rapprochant deux, laissant le vide à côté. L’artiste ne suit
pas une systématique policée, elle partage l’émotion d’après le cataclysme en images ainsi rythmées.
Images qui diluent l’iconicité, qui s’éloignent du réalisme pour plus sensiblement nous convoquer.
Certes l’incipit refuse toute ambiguïté, sous un craquement de mauvais augure, il tend trois articles de
dictionnaire français-japonais traduisant qui « tremblement » auquel s’ajoute le syntagme « tremblement
de terre » mais aussi « spasme », qui « raz de marée » traduit par « tsunami » avec l’exemple de phrase
« le tsunami a ravagé la ville », qui « déchets radioactifs » en langue originelle hoosha-see haiki butsu
ce qui rend proche la destruction. Soudainement, dans le fux et refux des preuves de ces mots, trois
mains en pixilation tendent vers le ciel, leur instrument de mesure des BQ - le nombre de désintégrations
par seconde.
Ces garants d’authenticité de la menace posés, le même fonds noir devient lieu de métaphores picturales
ou flmées ; rouge du feu, bleus variés de l’eau, blanc de l’air empoussiéré/mouvements circulaires,
fottement de débris, tremblement des matières, retombées de particules forment une partition iconique
confrontée au plan en négatif de tel immeuble tremblant, avec drap volant sur fond orangé, de telle
architecturale tombant, de telles structures tordues comme autant de sculptures métalliques. Le ralenti
des formes efface les contours, la dissolution gagne les ensembles mais la musique qui sourd à travers
les mêmes craquelures du son, métonymiques du désastre, cerne avec eux le tremblement de la
menace de la désintégration. Les images médiatiques s’annulent quand l’effet artistique réveille à
chaque vision, le potentiel de réveil par l’aisthésis /esthétique. Simone D.


Olivier CHEVAL, The museum is free, 12 : 13 min, Fr.
En plan séquence, la visite d’une femme, dans un musée virtuel, en
entrée libre, rappelle les horreurs connues médiatiquement sous le genre
de « photos du siècle ». Le lieu est consacré à ces images de la violence
exercée ou subie par les Etats-Unis d’Amérique depuis 1945. Elle déambule
sans grand arrêt devant elles, corps virtuel elle-même à la démarche
saccadée et au visage abîmé.
Le musée documente, salle après salle, décennie après décennie, les changements de code, d’imagerie
et de technique dans la cartographie des actes de guerre. Il témoigne d’une virtualisation progressive
de ces images photographiques, flmiques ou infographiques.
Dans la première salle, les deux versions de la photographie de l’ombre d’un homme et d’une échelle
réduits en cendres à Hiroshima augurent d’emblée l’évaporation de l’homme. Et dans la dernière salle,
un petit cinéma, les personnages, eux aussi virtuels comme la visiteuse sont confrontés à de semblables
images : des djihadistes qui abattent des policiers à Los Angeles, dans une vidéo créée à partir du jeu
vidéo G.T.A (Grand Theft Auto) par les services de propagande de DAECH… l’horreur se lit sur leur
visage ou dans le tremblement de leurs mains alors que cette dernière barbarie reste en hors champ.


2
Thomas DAVELUY, Echo , 5 : 46 min, Fr.
Poursuivant sa première approche de 2011, Echo² travaille la relation
du lieu et de son image ; une très brève séquence vidéo réaménage
dans l’endroit précis où elle a été flmée. Loin de se contenter d’une
simple mise en abyme, de l’image enchâssée dans l’image enchâssant,
en virtuose de cet enchaînement interne, comme un violoniste enlève-
rait dans le suivi de ses variations, l’opus engage dans un couloir aux
contours rectangulaires. Entrée géométrique, trajet géométrique qui
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