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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 20 Vidéo
1. Lycée des Arènes
Duygu Nazli AKOVA, Hive, 4 : 00 min - Turq.
Hive/Ruche jette un regard sur l’urbanisation non planifée qui, sous le couvert
de « rénovation urbaine », a phagocyté l’espace, et sur Istanbul qui l’a subie
durant de nombreuses années. Les constructions anarchiques provoquent
des méga-villes de béton qui détruisent l’héritage historique et culturel.
Dès son titre, le flm propose la métaphore de ville-ruche, en rassemblant les
mouvements constants et rapides des ouvriers au vol des abeilles. S’y joint
l’écho de la machine de Marx : obligés de travailler à grande vitesse, les
ouvriers produisent de l’abondance mais n’en proftant pas, ils s’approchent
du néant ; en effet, réduits par leur lourd labeur, ils sont à l’état d’êtres mécaniques
exposés aux effets néfastes de cette organisation injuste du travail, qu’ils
paient même de leur vie. Sous la frappe ou le vacarme des outils, un rectangle
surgit sur le fond noir, puis un autre au bas du champ, puis d’autres et d’autres jusqu’à constituer un rec-
tangle vertical fait d’autant de petites cellules de même forme où parfois s’agitent des hommes alors
que le bourdonnement des abeilles sature le champ sonore. En rassemblant les deux images, se lit,
simultanément, l’impossibilité pour les travailleurs de posséder le bâtiment même qu’ils contribuent à
ériger. Partant de la rénovation urbaine, Ruche entraîne à réféchir sur les conditions de travail des salariés,
leur contrat de travail, autrement dit le droit de l’homme à vivre décemment de son travail. Simone D.
d’après la synopsis de l’artiste
Eden AUERBACH OFRAT, Little Hans’s Four Horseman, 2 : 45 min, Isr.
L’écran est brumeux, y fottent entre le brouillard, le blanc et noir, des
pixels de neige. On entend un bruit monotone et mystérieux, tandis
qu’une ligne horizontale apparaît lentement. Sommes-nous en train
de regarder un désert ? Le ciel ? Une tempête de neige ? La mer ?
De légers éclats de couleur se fanent rapidement en noir et blanc,
revenant dans une brume semi-abstraite qui brouille la vue.. Au milieu,
une forme indéfnie se rapproche progressivement. Est-ce une île, un bateau, une silhouette humaine ?
Peu à peu, l’entité s’identife comme celle d’un cheval et de sa cavalière sans visage. Un rayon de
lumière blanche brille sur le front de l’animal. Simultanément, se distinguent distantes les unes des
autres, trois cavalières, nettes ou foues, défnies chacune par une couleur différente, le vert, le noir,
le rouge, le blanc.
Tels des cornes, des rayons de lumière blanche brillent sur le front de tous les chevaux. Les quatre cavalières
sans visage galopent en avant, s’approchant jusqu’à saturer le champ. Le paysage délicat mais ambivalent
continue à se percevoir à travers elles, devenues quasiment transparentes, jusqu’à ce que les quatre couleurs
se perdent dans le néant.
Marie-Paule BILGER, Tremblement 3 : 39 min, Fr.
L’artiste dit : « Où il est question de la catastrophe et de traduire le
monde désenchanté. Fukushima et l’apocalypse. Dans une période de
transition diffcile où tout ce qui était d’avant se délite, se déstructure
tant au niveau du quotidien qu’à celui de la planète, les préoccupations
l’emportent sur l’affrmation du plaisir ».
Très loin d’images ressassées de La Catastrophe, Marie-Paule Bilger compose un poème vidéographique
en trois pans. Son triptyque musicalement varie la projection de ses plans en deux ou trois ; préférant
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