Page 188 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Installations  Prép’Art

mi-chemin, avant de repartir lentement en arrière, efface dans le comique de l’absurde,
la difficulté  : elle passe et repasse devant nous avec la lenteur et l’artificialité des
marionnettes d’ombres. « Mon travail en vidéo est très bi-dimensionnel. » Cependant
se glisse une certaine connotation de bondage dans l’attitude du corps, dont elle n’a
peut-être pas conscience même si elle admet qu’« il y a toujours dans mon travail un
certain sens de la sexualité », « [il y a différentes] choses cachées dans ces couches
de sens (« layers »). Il y aussi des [choses] sexuelles. »
Ce trait est plus explicite encore dans une autre vidéo non exposée : Big Fish in
a Small Pond, ce qui pourrait faire craindre que son travail sur le corps endurant
ne se muât en masochisme élégant et ne se perdît le pouvoir de virulence de son
humour glacé.
Ce n’est pas, semble-t-il, la ligne d’évolution de son travail, et pour disposer de tous
les éléments d’interprétation de The Lift il faut revenir à son contexte : cette vidéo
appartient à une autre série dont le projet est depuis 2014 d’interroger le rapport aux
machines : « les machines ont été inventées pour nous remplacer. C’est une parodie
de travail humain, des machines et des outils... Dans mes travaux, je cherche à me
transformer en objet, en machine, en outil », interview donnée au Sundance Film
Festival de Salt Lake City.

Quatre des vidéos portent vers une référence commune, la situation de la femme
dans les pays du sud-est asiatique. Cependant ce travail où le corps est pris dans des
situations de pénibilité, répondrait, aussi ou en parallèle à une dimension à la fois plus
large et plus lointaine. Celle-ci oscillant entre la réduction du corps à un objet dans la
torture et son remplacement par les machines, dénoncerait, par là, un mouvement
croissant de la perte de sens de l’humain à travers la perte de valeur de son corps.

                                                                           Pierre Dompeyre

Étudiants en Prép’Art, Traversable

installation papier | Toulouse, France

Une expérience inédite au sein de Prép’Art, puisque la
conception de projet vient d’une étudiante Léna Clara Gesse
autour de laquelle un groupe d’élèves se forme, la réflexion
s’élargit, devient collective. La production évolue avec ses
aléas : toucher du doigt l’aventure au milieu de professionnels,
des sensations, des mots, plaisir de voir l’évolution du projet
au fur et à mesure de sa construction, spontanéité face à une
logique de composition, pénétrable promesse tenue…

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