Page 183 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018

Prép’Art Installations

plans montés séparément mais parallèlement. Trois diptyques verticaux, trois actions
courtes associées à une couleur, successivement le bleu, le rose, le jaune, chacune
en parallèle, avec un paysage au-dessous.
Trois minutes
Trois diptyques
Trois espaces doublés
Trois doubles temporalités
Trois couleurs annoncées
En plan fixe, avec ou sans mouvement interne, pour la supérieure qui attire d’abord
précisément par sa fixité ou en mouvement exhibé ou pas dans la seconde en lecture.
Les petites actions restent non-événements du réel mais réels faits vidéographiques
voire échos de gestes artistiques.
D’un cône chu au sol a glissé sa glace rose, plan fixe. Un travelling rapide connotant
la prise de vue depuis une automobile, suit un bosquet de fleurs roses quand il ne
capte pas un paysage de collines caillouteuses méditerranéen. Rien ne les relie si ce
n’est la décision de le faire. Le faire mobilise l’artiste et la question du déplacement.
Une canette bleue clair posée sur une brique sur la terre grise, étrange nature
morte ; de deux trous ménagés sur les côtés, la bière éclabousse et coule sur le
sol. Geyser minuscule et sans grade. Au-dessous plan fixe, un pylone de fer croisé
jouxte un bâtiment géométrique de fer dont seul un angle est visible. Micro-situation
quasi burlesque dans l’inattendu du jet et non situation, refusant un dessein autre.
Renversement de l’attente ; rien à attendre que le fait même ou dripping modeste
comme on dit « art modeste ».
Une cannette peinte en jaune très clair, le canon d’un fusil en amorce, un tir, le liquide
se répand des trous obtenus. En bas, fragment de scènes de pêche, le poisson saute
mais est ferré.
Le fait brut ou le refait en moins dangereux de Burden tirant sur un avion, ou le
« procédé » vidéographie comme Niki de Saint Phalle faisait peinture en tirant sur des
poches de peinture.
Dounia Ismaïl prélève la potentialité pensée, ces scènes en sont la preuve
paradoxalement actée.

Simone Dompeyre

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