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Installations  Prép’Art

Kawita Vatanajyankur, The Scale / The Scale of Justice / The Lift / The
Scale 2 / The Carrying Pole

2min02 / 2min32 / 6min14 / 2min46 / 3min17 | Thaïlande

                                Kawita Vatanajyankur est une artiste thaïlandaise qui expose
                                depuis plusieurs années en Australie (2012) après avoir été
                                diplômée de la Rmit de Melbourne en spécialité peinture.
                                Depuis son pressbook n’a cessé de s’accroître grâce à
                                une notoriété de plus en plus confirmée d’exposition en
                                exposition : en Pologne (Szczecin), à Londres (Saatchi
                                Gallery), en Thaïlande (Bangkog Art and Culture Center), ou
                                encore au Chili, au Japon mais aussi en Italie (Venise). Outre
                               ces expositions, des monographies dans de multiples revues
                               d’art contemporain lui ont été consacrées et sortant même
                               du circuit spécialisé, elle a fait l’objet d’un article complet
                               dans le New York Times.

                               Kawita est une performeuse mais autrement : une vidéo
                               performeuse.

Théoriquement une performance est unique ou singulière puisqu’elle exploite l’ici
maintenant dans son contenu : elle est irreproductible puisque le contexte ayant
changé, la proposition de cette performance qui y est liée ne sera plus la même.
La vidéo-performance exploite au contraire la sérialité : elle est multiple et répartie entre
plusieurs vidéos qui se répondent et qui, en se répondant, se suffisent à elles-mêmes,
s’enlèvent de la dépendance au contexte, pour former un tout indépendant, lui
indéfiniment reproductible.

Cependant il s’agit aussi de performance – non pas au sens artistique d’un acte qui
inclut son actuation même et reste ainsi relatif à l’ici-maintenant où il se réalise mais
au sens banal d’exploit physique qui souvent entraîne une souffrance du corps par ce
qu’on lui demande et ce qu’on lui fait endurer. Ainsi, au cours d’une de ses vidéos-
performances, un accident lui a valu sept mois d’arrêt dont deux d’hospitalisation.
Qu’elle affirme son admiration de l’engagement du corps d’Abramović et qu’elle s’en
inspire n’a rien d’étonnant. Pour chaque vidéo, elle prend de deux semaines à deux
mois de préparation.
Pour autant il ne s’agit pas d’une complaisance dans le subi du corps mais à chaque
fois de projet de sens : ses vidéos ne sont pas le simple filmé d’une situation, même s’il
s’agit de plans fixes pour la plupart, mais d’œuvres, d’images travaillées dans le style,
les couleurs, montées et composées pour délivrer non pas un message mais faire
référence à un horizon de sens, à des couches (« layers ») d’interprétations. « L’art ouvre

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