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Installations  Goethe Institut

Alva Morgenstern, Body in Progress 1.2

9min | Allemagne

                                                        La vidéo, avant même l’invention de
                                                        logiciels transformant les données, se lia
                                                        avec la danse par son immédiateté, par
                                                        sa potentialité du direct.
                                                        En vidéo-danse, en vidéo-performative,
                                                        la composition de la pièce se pense en
                                                        termes d’enregistrement, le processus
                                                        de création du corps dansant s’engage
                                                        avec la caméra. Non pour une vidéo
documentée mais en un champ doué d’autres potentialités. La composition
intermédiale fait le corps image – électrique puis électronique.
Merce Cunningham, dès 1970, pense sa chorégraphie en termes de création visuelle
avec insertion, effet d’ubiquité par incrustation et superposition, puis associant
la caméra avec l’ordinateur, en fractionnant le corps, en invitant l’aléatoire, puis il
combina mouvements réels et mouvements enregistrés.
Depuis les années 1990, N+N Corsino ne conçoivent leurs pièces que par le médium
vidéo ; elles ne sont dansées que pour/par elle, jamais en scène tangible mais en
des lieux ouverts que ce soit avec danseurs en corps ou en « fil de fer »/« êtres »
numériques ; le corps dansant y varie de l’humain à la silhouette numérique en variant
ses figures et mouvements et échelle de la vision. N+N Corsino dans leur Lieu de
Fabrique artistique ne séparent pas leurs chorégraphies des avancées technologiques,
ils y défendent que « Les recherches sur les avatars, les scénarios interactifs, les
nanotechnologies, la création en ligne renvoient à de nouvelles perceptions du corps
exprimées dans ses variations d’échelle. »
Alva Morgenstern, elle, unit le corps réel et l’artifice. Elle le fait dans une simplicité
apparente extrême. Plan fixe, axe frontal, profondeur du champ nulle, le corps se
meut sur le fond noir du sans lieu ou de l’infini. Seul le corps actant est agent. Cela
reviendrait au cinéma des premiers temps qui captait une Loïe Fuller en duo avec les
éclairages et mouvant de grands pans de tissus comme autant d’ailes immenses, qui
captait une Isadora Duncan qui préférait la danse spontanée qu’elle pratiquait pieds
nus. Reviendrait puisqu’en solo, une femme sous la lumière, une danse hors des
gestes codés, un corps libre désormais en justaucorps proche du sous-vêtement très
décolleté, cette femme devient toujours une autre avec les modifications constantes
de l’écriture numérique.

Alva Morgenstern y trouve le moyen d’accéder au modèle mathématique de la beauté,

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