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la symétrie qui se calcule comme un rapport égal entre deux éléments par rapport à
un centre. Elle dit un corps et un visage aux deux côtés semblables « considérés plus
beaux que les asymétriques ». Certes divers concours de beauté ont ainsi désigné
« la plus parfaite » alors que des études scientifiques ont recherché la cause de cette
attirance et théorisé que le visage symétrique était plus simple à voir…

Cette vidéo-danse d’Alva Morgenstern part de la notion de beauté symétrique :
« [elle] m’a amenée à manipuler des séquences filmées de mon propre corps dansant
en le superposant à son image miroir et en créant d’innombrables variations en
décalant le plan médian. »
La femme dansant s’y découvre, pourtant, dans une constante irrégularité de la
superposition ; la rapidité du montage y empêchant d’arrêter un ordre, une image
sage. Elle cumule la symétrie et son léger décalage ainsi que L’Homme de Vitruve,
une encre et aquarelle de Leonardo da Vinci, ainsi dénommée parce qu’elle appliquait
les calculs de Vitruve – Romain du ier siècle A.P. On oublie trop souvent que pour
« visualiser les proportions jugées parfaites d’un homme de trente-trois ans, l’âge du
Christ au moment de sa mort », le dessin superpose l’image d’un homme nu intégré
et dans un carré et dans un cercle, bras levés et jambes écartées et jambes droites et
bras étendus sur le corps légèrement en biais, avec une seule tête.
La symétrie est double autrement dit, elle n’est pas sur le visage ; ce que
différentiellement, le travail d’Alex John Beck atteste. Il a photographié diverses
personnes dont il a créé deux portraits, chacun assemblant en double l’un des côtés
du visage, explicitant par là leur différence.
Alva pense une femme mathématiquement parfaite. Elle en modèle l’avènement, de
la position courbée au corps dressé.
Cependant, de la chrysalide s’ouvrant pour libérer cette femme, se déclare une
déesse indienne aux bras multiples, une femme se faisant dans le mouvement.
Sous des bruits d’orage en sourdine prêt à tout moment à exploser, le corps en effet
papillon est doublé ; des halos ajoutent à cette créature hybride au regard direct,
décidé. Les mouvements se saccadent ou miment le déplacement d’ailes/d’elle.
Puisque, la variation touche la position du corps, accroupi, debout, de face, de côté
même si le visage est le même, la physionomie est la même.

La numérotation de Body in Progress 1.2 dénote une poursuite, « une expérience de
symétrie ». Alors que la femme est mille femmes, la vidéo laisse danser ses capacités
et crée le corps impossible, jamais arrêté, in progress.

                                                                           Simone Dompeyre

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