Page 215 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Musée des Abattoirs Installations
photo : Thibault Gaugerenques Pour preuve, bien plus que deux
domaines parfaitement différenciés,
l’un fondé sur le rythme des
danses populaires et l’autre sur la
mesure de la marche des armées,
le plus souvent, se rencontrent des
mélanges et des métissages des
deux formes.
Plus spécifiquement, dans cette
œuvre, se déchaîne une sorte de danse collective, libre, presque sauvage, une
danse joyeuse et violente. Cependant ce n’est qu’apparence puisque son caractère
irrationnel est soumis au système mathématique strict et précis du montage vidéo.
Chaque mouvement et chaque geste sont répétés, inlassablement identiques, par
chacune des répliques qui gesticulent dans le champ comme empêchées par des
limites, ce qui explique le titre.
L’écran de droite est le lieu d’un mirage, d’un être idéel, d’une figure mythologique,
celle d’un dieu animal, une « bestia mentale ».
Le diptyque se répond en angle de mur, à hauteur de regard, il arrête par le bruissement
des ailes d’insectes de ce monstre étrangement assis ; indéchiffrable, il connote la
difficulté d’approche, la difficulté d’accepter la ressemblance entre la danse plaisir et
la marche coercitive… les œuvres précédentes avançaient moins masquées : défilés
et groupes de danseurs s’y croisaient semant les ressemblances.
Le danseur ici, performé par Mikel Otxoteko, dans une combinaison de travail, de
pilote… sans marque personnelle, s’agite tant qu’il semble prouver les théories de
Muybridge sur le mouvement et en refaire les exercices.
La personnalité est perdue dans l’acceptation des codes fussent-ils de danse.
Mikel Otxoteko/Simone Dompeyre
Maíra Dietrich, Piece of Paper
6min | Belgique
En regardant ce travail, il se peut que nous ayons
à oublier ce qu’il cherche à atteindre ou à dire,
puisque nous, public, sommes ceux qui entendons
une « vérité » donnée par l’artiste, devenant
enseignant en ce sens.
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