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Installations  Chapelle des Carmélites

la vidéo polyécran Let me hear your scream, qui décline cette bruyante réaction.

Assise dans le train, marchant dans la ville, partir mais rester en image mentale,
passer de l’autre côté d’une langue nouvelle comme l’anglais du titre mais entendre
l’arménien de Arto Tunçboyaciyan sous les bruits ambiants.
Ce regret du désir, ce désir en regret se doublent par l’installation sur un miroir des
images du plafond historié de la Chapelle des Carmélites où le passage est d’autre
monde mais allusif car en allégories peintes. Avancer au plus près et s’éloigner de
l’écran fixe où se déroule le mouvement provoque le passage toujours renouvelé de
cet aria de l’exil.
L’artiste dit en un « vous » qui l’implique dans le discours comme la voyageuse et
nous implique comme ses confidents : « Partir parce que l’on ne peut autrement
envisager de vivre là alors que l’on n’envisagerait aucune autre vie que celle-là. La vie
est comme un cadrage de film, toujours en mouvement. Vous n’en connaissez pas la
prochaine étape ni ce qui vous attend et vous en inventez des formes, y espérez des
lendemains heureux. Ainsi un jour, vous partez en laissant derrière vous tout ce qui
était votre vie et vous a fondé/e. Vous devez partir, forcé/e de quitter votre maison,
votre pays, votre famille et vos amis... votre amour.
Pour avancer, la page de cette vie doit être tournée sinon effacée pour en commencer
une nouvelle. Cela ne se fait pas si simplement car profondément dans votre cœur,
vous aimeriez que quelqu’un ou quelque chose tienne à vous garder et vous chuchote
à l’oreille : Never let me go ».

                                                                           Simone Dompeyre

Isabel Pérez del Pulgar, Acciones Nómadas

3min53 | France

                                                         Acciones Nómadas/Actions nomades
                                                         happe qui entend sa musique en fond
                                                         hypnotisant, qui sursaute quand elle
                                                         tonne et se fait d’orage, qui ne vit pas
                                                         l’accalmie quand elle se fait ambiante,
                                                         mais ressent une sereine inquiétude.
                                                         Inquiétude, c’est le refus du quiet, du
tranquille, c’est le mouvement vers, c’est une pensée en acte.

L’espèce d’espace où s’actuent les actions promises par le titre bouge en effet,
refuse l’écran unique, illusion du reflet du réel. Il se fait de surimpressions multiples,
en lés, carrés, rectangles, juxtaposés sous le premier tempo puis en frise, multipliés,

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