Vidéo | 06:46 | France Venir voir cette oeuvre
Rencontre de quelques mythes : des ombres en mouvement, comme des peintures rupestres, associées à la voix d’un « monstre sacrée », Sarah Bernhardt, première star mondiale, donnant le monologue de Phèdre il y a maintenant une centaine d’années, dont on ne comprend plus très bien de quoi il est question tant l’enregistrement et la prosodie ont tous deux vieilli ; une tentative de sortie du labyrinthe.
Je ne peux dire d’où part ce film car il s’est fait progressivement, en avançant, sans intention. Il s’est avéré que je suis tombé sur cette archive sonore pendant que je retravaillais ces images et qu’en toute honnêteté j’ai regroupé les deux ensembles pour voir ce que ça faisait. J’ai gardé ça, puis j’ai retravaillé le montage en fonction du texte. Je dis qu’il n’y avait pas d’intention, mais en fin de compte, ce qui m’amusait c’était d’essayer de voir ces silhouettes noires dans un acte très simple, celui d’avancer continuellement. Avec la voix de Sarah Bernhardt, ça a changé le mouvement justement : ça devait bien s’arrêter à un moment. Et puis il y a l’ambivalence que je peux ressentir en entendant cette voix : une prosodie très daté, très exagéré, et en même temps, à la fin, qui touche au but, c’est à dire que même sans savoir de quoi il est question, car on ne comprend plus guère que quelques mots, l’enregistrement est trop ancien, on ressent quelque chose. Elle nous hante. C’est un film de fantôme.