Les liquéfactions, 2025, film, 1’08 (FR – Toulouse) : « D’une superficie d’à peine 1 km2, l’île Tromelin fut en 1761 le théâtre du naufrage de l’Utile, un navire négrier de la Compagnie des Indes ayant embarqué illégalement 160 esclaves malgaches.
En raison d’une erreur de navigation, le navire percuta la barrière de corail de l’île en pleine nuit. Vingt membres du personnel de bord ainsi que la moitié des esclaves périrent noyés.
Le reste de l’équipage s’affaira à construire une embarcation de fortune grâce à l’aide des esclaves et partit en leur promettant de revenir les chercher.
Le sauvetage n’arriva que 15 ans plus tard, retrouvant 7 survivantes et un enfant de huit mois.
Ma recherche plastique évolue ici autour de figures en argile émergeant d’un sable mouvant hanté, explorant l’île Tromelin comme un espace de lutte et de résilience.
Démarche artistique :
Ma pratique prend forme dans la tension entre présence au monde et isolement.
La photographie et la vidéo y occupent une place centrale, souvent traversées par un travail sonore ou en volume. Se déploie alors une quête d’espaces d’accueil et de refuge, qu’ils soient psychiques, sociaux, réels ou fictifs.
À travers l’autofiction, le portrait ou la mise en scène d’objets, mon travail explore les effets de la désolation, entre repli intérieur et expérience partagée.
Dans cette recherche, les gestes d’enveloppement, de recouvrement ou d’ensevelissement déploient une charge symbolique proche du rituel.
Mon approche formelle repose sur la frontalité et la répétition, imprégnée de désenchantement et d’une rigueur clinique. La photographie objective allemande constitue une influence centrale, privilégiant une approche systématique de l’image et une observation froide du réel. Mes plus récents travaux s’orientent vers une démarche performative, où l’acte de retrait devient le cœur même de la création.
Il s’agit ici d’explorer le retranchement, non comme une fuite, mais comme condition d’émergence d’un soi possible. »
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