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Vidéos d’Ici et d’Ailleurs




Brutus exposa son cadavre à la foule, qui, enragée, se
souleva contre le roi et son fils. La mort de Lucrèce for-
gea le début de la République romaine. J'ai choisi
Lucrèce en raison de tels liens forts entre le sexe et la
puissance.
Je cherchais à comprendre l'option de Lucrèce dans le
contexte de la structure familiale de la société romaine,
avec cette énorme charge d'obligation culturelle, de
protéger sa famille, particulièrement ses enfants, de la honte de l'agression.
Je défends aussi l'idée que l'héritage de la mort de Lucrèce représente un changement radical dans la
perception italienne de l'époque ; en effet un tel changement s'est produit dans la structure du pouvoir d'une
monarchie obsolète, remplacée par le nouveau gouvernement consulaire formé par Brutus.
Ainsi le processus de changement de couleur, du noir et blanc, se fait l'écho de l'évolution radicale de
l'époque romaine à la vie contemporaine italienne.
En tant que cinéaste, je me suis engagée dans l'expérimental où le langage du cinéma et le processus de
montage expriment mais aussi explorent mes pensées. Dans Lucretia, trois écrans étendent l'espace à la
conscience du téléspectateur et induisent à l'œil à passer d'un écran à l'autre pour une expérience active
de visionnement, musique et sons favorisant la circulation.
Pour moi, l'abstraction et l'image fragmentée sont la plus pure manière d'inviter le spectateur, pour un
instant, à s'ouvrir et à vagabonder en pensée.


Dania REYMOND, Vue imaginaire de la Grande Galerie
du Louvre en ruines, 6', 2011
Un long travelling avant parcourt la grande galerie du Louvre
en ruines. Cette vidéo est une reconstitution en image de
synthèse de la grande galerie du Louvre en ruines telle que
l'avait peinte Hubert Robert en 1796. La temporalité de cette
image virtuelle se trouve alors à la croisée de la peinture
d'histoire et du cinéma d'anticipation, de la mémoire et de la
reconstitution, de la volonté de tout voir et de la perte du lieu même de l'inscription physique des images.



Bill BALASKAS, Parthenon Rising (II), 2'45, 2011
Une nuit par an, l'Acropole est ouverte au public mais sans
lumière. Pour en être, des milliers de touristes voire des autoch-
tones gravissent, dans l’obscurité, la colline ancienne en une
sorte de pèlerinage, et plus que jamais dans ce temps d’images
à prendre, ils visent à repartir avec des reliques de cette nuit
unique. Comme objets rituels et efficients, caméras et appareils
Courtesy of Kalfayan Galleries (Athens - Thessaloniki) photographiques sont brandis. Sans lumière aucune, le monu-
ment flotte dans l’indistinction ; en image vidéo, la neige préside, un gris floconneux sature le champ. Pour
l’image canonique, le temple doit être vu de loin, ce que le nocturne empêche ; et plus près, aucun indice
ne le reconnaîtrait.
Quand les lumières des appareils éclatent, le monument, en angle pour le point de vue de l’artiste,
s’entre-dessine. Les flashes rapides – par définition- captent un interstice temporel… Colonnes, tympan
pour la jouissance de la reconnaissance de celui qui sait ; c’est Le Temple Grec, la métonymie de l’Antique.




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