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Vidéos d’Ici et d’Ailleurs
Pourtant ainsi troué de lumières rapides, le temple découvre ses échafaudages… la métonymie glisse vers
le pays en mal de crise. Les temples ne tiennent que par des étais.
Une leçon inverse mais complémentaire induit à comprendre que ce sont les lumières petites mais
nombreuses de tous ces inconnus qui la font vibrer, qui la font tenir dans l’acmé du flicker.
En effet, cela débute sur le silence iconique, le champ à voir, puis peu de flashes, peu de visibilité, et le
piano en mineur porte cette difficulté à voir ; mais l’instrument s’emballe alors que rassemblées, les
lumières offrent de rapides mais pleins instants de rencontres avec le Parthénon.
Bill Balaskas ne quitte pas son exploration de la société contemporaine, fidèle de Traverse Vidéo qui lui
est fidèle dans sa constante réflexion sans bavardages ni grands mouvements, nourrie de Debord.
Tout aussi simplement, il dit : “ I am more interested in the approach towards the subjects addressed in my
videos and installations than in the subjects themselves as ‘observations’ or ‘facts’. Thus, the idea that
predominates is that of subversion. Images and situations drawn from everyday visual culture are
subjected to processes of fragmentation (both literally and metaphorically) and irony. Those concepts often
adopt a playful schema in which the ‘truth’ of an image or situation is ‘there’, but it is never solid enough to
decode with certainty.”
“Je suis plus intéressé par l'approche des sujets abordés dans mes vidéos et mes installations que par les
sujets eux-mêmes, en tant qu “observés” ou “faits”. Ainsi, l'idée qui y prédomine est celle de la subversion.
Les images et les situations tirées de la culture visuelle du quotidien sont soumises à des processus de
fragmentation - littérale et métaphorique - et d'ironie.
Ces concepts adoptent souvent le schéma ludique dans lequel la « vérité » d'une image ou d’une
situation est « là », mais elle n’est jamais suffisamment solide pour être décodée avec certitude.”
D.S
Ottar ORMSTAD, when, 7', 2011
Dans l’intégralité du champ, sans distinction de mot ni ponctua-
tion, mais toujours dans la même police de caractères… pour un
lire difficile car le temps passe, déjà, et que ce ne sont pas des
mots. Mais en ligne diagonale, en verticale, lettre unique lancée,
lettre après lettre, des prémices de mots aussitôt enfouis dans
des horizontales sans espace. Le s montent en biais ; des
syllabes sans signifié oi, ou à moins de vouloir y dénicher le sème de quelque déterminant ou de conjonc-
tion mais sans substantifs ni verbe, ils éloignent la production de sens premier. when/quand – ce titre
reprend la rare implication claire de sens, celle du temps mais toujours sans proposition complétant cette
conjonction. Certes, se provoque tel ou tel fragment de phrase rudimentaire : pourtoitoujoursamour
savourant le plan entièrement, ou adieumonamour le saturant aussi, les deux en langue française dans
cette vidéo d’un non francophone, preuve de reprise de sons plus que de message ; de même, une
espèce d’écho de titre de film à l’américaine borntobewild qui, elle suit des images de perte… Sont-ce des
clichés liés à une langue/ civilisation : amour et bluette à la française, violence et idée de déterminisme à
l’américaine… le film s’en défend.
Pourtant, les lettres s’avèrent calligrammes en fleur, quand les Y - déjà requis pour produire une forme de
véhicule - fleurissent, mais la fleur fane et tombe. Le Y résolument prolixe - Ottar Ormstad dit lui-même
que le Y jaune est un autoportrait, ce qu’il qualifie d’écho dadaïste - se penche, se couche alors que des
e sont jetés, ou forme frise sur des voitures avec des m.
La vidéo éclate le signe verbal, elle distingue le signifiant, opérant par là un écart d’avec la langue.
Paradoxe, pour qui se souvient du projet du calligramme, former le dessin du mot, écrire pluie en lignes
diagonales, ou faire poème de la cravate et horloge dans des dessins référentiels.
Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Faut Voir 25