Page 55 - catalogue_2012
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Carte Blanche à Kinema Nippon




Kinema Nippon, en soutien aux victimes au lendemain du séisme destructeur de 2011, s'est
tournée vers les réalisateurs japonais qui ont répondu par la mise à disposition de leurs films.
Les œuvres, des années 1960 à nos jours, disent le Japon, sa manière d’être ; toutes expérimentales, aux
préoccupations formelles et esthétiques, elles interrogent notre rapport au réel et travaillent la plasticité de
l’audiovisuel. Cette action entrelace un projet de solidarité, car Kinema Nippon reverse l'intégralité des
recettes aux victimes du tsunami, et un projet hommage au cinéma expérimental japonais.
Traverse Vidéo relaie le « gambare » japonais : « persévérer ».
Les œuvres de la séance de ce Nippon Re-Read II offrent une déambulation poétique dans le
fragmentaire et l'expérience du quotidien ; par la composition d’images et les références culturelles, elles
dessinent l'inquiétante étrangeté du familier.


Tomonari NISHIKAWA, Shibuya-Tokyo, 10’, 2010, 16mm
Envoûtant huis clos, patchwork construit à partir de multiples points de
vue des plates-formes de la ligne ferroviaire le plus connue de Tokyo, la
Yamanote, qui fonctionne comme une boucle. A chacune de ses vingt-
neuf stations, l’auteur enregistre les apparitions spectrales de trains, les
passagers, les panneaux publicitaires, créant ainsi un portrait inhabituel
d'une mega ville.


Tomonari NISHIKAWA, Tokyo-Ebisu, 5’, 2010, 16mm
Les effets visuels à huis clos renforcent le caractère de chaque lieu.
Je voulais faire une installation de films sur la ligne Yamanote, cette
ligne de train qui fait une boucle. Le projet de film est de l’impliquer de
façon multiple. J’avais à l’esprit le phénomène répétitif de ces stations
de train toujours pleines (tous les trains de la ligne se ressemblent et
ils stoppent a chaque fois au même endroit. Les personnes sur les
quais attendent exactement à l’endroit où les portes des trains s’ouv-
rent, tout en ayant la tête rivée sur leur téléphone portable). Le processus répétitif de l’exposition multiple,
m’a fait décider d’appliquer cette technique au projet de la ligne Yamanote.
Eriko SONODA, Kagi, 6’30, 2005, 8mm
Tranquillement complexe, Kagi (la clé) opte pour l’animation et le
stop-motion d'une manière double : un grand nombre de photos
grandeur nature sont fixées à la paroi d'un espace domestique à
travers lequel se déplace Sonoda lui-même. Elles sont enregistrées
image par image, en même temps, pour rendre multiple les dimensions
temporelles et physiques.
“Je suis allé a l'école pour apprendre à faire des films, mais je n’ai pas
commencé tout de suite à les faire, et ai étudié la photographie pendant deux ans.
Lorsque je me décidai enfin à faire un film pour mon projet de fin d'études, je pensai à recouvrir tout un
mur avec des photographies. Je me demandai quel genre de monde se révélerait ainsi dans cette pièce,
si je capturais chaque photo et l’espace, lui-même, image par image. Et si les parties du mur qui n'étaient
pas couvertes de photos montrant le mur lui-même, l’artificialité du sens de temps dans la pièce, ainsi que
l’organicité du sens de temps dans le monde extérieur se révéleraient simultanément et dans un même
espace. C’est ce que j’ai voulu filmer.”



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