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Projection Le Cratère




LL de mars, Le Château de l'Araignée, 9’28, 2010
Le Château de l’Araignée, douzième d’une série qui se dit « remake » et adopte un même dispo-
sitif simple ; un homme assis d’un côté d’une table de cuisine placée devant une cheminée, en écoute un
autre, censé lui raconter un film.
Sans jamais identifier le réalisateur, le conteur réitère le nom du «château de l’araignée », lieu éponyme
du film de Kurosawa.
Loin de défiler le fil narratif, il l’embrouille, usant par exemple d’un terme plus approprié aux
avancements actuels de métiers ou d’achat « promotion », qu’à ceux d’analyse filmique, se noier plus qu’il
ne guide à reconnaître la trame narrative de ce film qui empruntait lui-même au Macbeth shakespearien la
figure de la femme poussant son mari à tuer pour conserver le pouvoir. En l’occurrence, le seigneur du
château septentrional, doit le léguer au fils du second vainqueur ainsi que l’avait précisé le contrat. Le
narrateur se souvient aussi des arbres avançant, qu’il qualifie d’abord d’effets spéciaux avant de les
rapporter à des branches tenues par des soldats.
Vocabulaire peu précis, redondance, retours en arrière, légère contradiction, forment un étrange
scénario, d’un film improbable… à la fois, écho des discussions de café après projection entre copains qui
en oublieraient les spécificités de l’écriture de Kurosawa, en cantonnant un film à son histoire, et impossi-
bilité de parvenir à condenser l’histoire en tâtonnant sur la linéarité narrative.
Le grain du film en noir et blanc engage ainsi qu’un carton de fin invitant au copyleft, à y saisir
non pas le modèle de ce qu’il ne faut pas faire, non pas une preuve par l’absurde pédagogique mais au
contraire le plaisir du dire. Et plus encore, la possibilité pour chacun de faire, à son tour, un film à la
Lemaître sans pellicule avec des gestes et des mimiques.
Certes ce Château-ci, même s’il se souvient de batailles, très loin des films chanbara, - appella-
tion originale des films de sabre qui contracte l’onomatopée du bruit de la lame tranchant la chair - en
annule la cruauté par des mots du quotidien d’autant que l’embrouillamini du discours autour de ce
château provoque le rire…
Plus loin encore de l’empreinte du No, ce Château cependant réactive aussi le masque blanc du
souvenir du film fondateur de ce remake.
Dire d’un film, anime son spectre.
Simone Dompeyre
































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