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Henry GWIAZDA
history
“Mon travail concerne la chorégraphie de la réalité. Il suit la façon dont tout se meut et est
interconnecté afin de créer de la beauté. Chaque petite scène chorégraphiée s’apprécie pour elle-même
mais la succession produit d’autres lectures voire s’y activent des métaphores de notre vie, de nos rêves
et de nous-mêmes”.
Une histoire se fait de ses ingrédients au-delà même d’une volonté de raconter. Sans que les
protagonistes ne se transforment, voire n’agissent réellement, sans même que le moindre effet de réel ou
de réalité ne leur donne chair, history provoque un espace-temps et des péripéties aussi minimes soient-
elles.
Le sol pavé à l’antique, deux piliers encadrant la sortie, un autre dont l’emplacement désignerait un puits,
ne suffisent pas à particulariser un lieu.
Quatorze figurines d’hommes et de femmes jeunes, dont un seul couple, là par le hasard du jogging, de
la traversée de ce parvis aux pieds de deux escaliers jouxtant parallèlement une maison. Aucun des pré-
sents ne s’approche de l’autre, ni de l’habitation. Il ne s’agit pas davantage de farniente, de passe-temps,
de scène de genre de loisirs ; chacun fait tel geste, lever ses bras, tendre ses bras, approcher ses mains
du visage, se lever, s’avancer mais parallèlement les uns, les autres. Des cloches trouent le silence sans
conséquence comportementale, elles sonnent pourtant en gros plan ; la pluie s’entend sans tomber.
Pourtant quelque chose y a lieu : la façon même de la composition de history : des nombres
jusqu’à trente s’égrènent et s’inscrivent dans le champ, à proximité d’une figure, provoquant le geste
simple et sans autre suite que lui, ou en accord avec leur sème, provoquant un résultat, “shadow/l’ombre
portée”, “Light/la lumière” en halo sur tel endroit sans autre raison que cet éclairage/éclairement ; la pluie
naît de “music”. Chaque élément rejoint les limbes numériques qui l’ont calculé en disant ce qui le
compose.
Simone Dompeyre
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