Page 116 - catalogue_2013
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Lucile HOFFMANN
Paysage
“Paysage participe à une série de trois vidéos, très explicitement reconnaissantes de portraits
de jeunes femmes peintes à la fin du XIXème siècle ou au début XXème, celles des tableaux de
V.Hammershoi, de Maurice Denis, celles plus enjouées de H.Toulouse-Lautrec… hors d’un propos de
collectionneur ou de perte dans un modèle, la trilogie joue de l’ellipse temporelle… elle guide vers des
situations des plus anodines ou cependant, de jeunes femmes se retrouvent face à elles-mêmes.”
La jeune femme de dos se tient face à une fenêtre. Du sable s’écoule de ses mains, en une
connaissance assumée de la métaphore du temps qui file. Elle participe à un voyage intérieur, onirique,
elle est là mais portée par son rêve d’évasion ; le tableau assemble paysage intérieur et paysage à
l’intérieur.
Il suffit ainsi d’une image, sans explication, qui affirme son silence pour dire.
Le “ut pictura poesis” reprend pied ; lorsqu’il fut prononcé ce principe visait à faire reconnaître la
peinture comme art, en la prouvant susceptible, comme le modèle absolu la littérature, d’adopter les
catégories de la poétique et de la rhétorique et ce, avec une finalité narrative. La peinture (fait) comme la
poésie.
Sans entrer dans les controverses qui ballotèrent l’histoire des arts - tout en passant cependant par
Léonard qui laissait à chacune sa spécificité : “La peinture est une poésie muette et la poésie une
peinture aveugle; l'une et l'autre tendent à l'imitation de la nature selon leurs moyens” Traité de la
peinture - on ne peut que savourer la subtile approche d’une histoire en germe, par l’option longtemps
impensable du corps de dos.
Ainsi ce n’est plus la capacité du dire mais l’affirmation du non dire qui fait sourdre l’histoire et le plaisir.
Simone Dompeyre.
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