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Susann Maria HEMPEL

                                       Die Fliegen / The Birds II

                 Le film, lui, travaille son matériau au-delà d’un principe de lisibilité, ce qui l’empêche d’être le
      fonds d’une recherche scientifique.
      La mouche vole en chorégraphie légère sur un triptyque blanc, tripartition héritière de tableaux, elle reste
      constante sous les variations de l’espace. En outre, ce début s’avère ouverture - y compris au sens
      musical - avant une sorte de narration principalement provoquée par la partition musicale.
      D’abord aériennes et glissant aspirées vers la bas, les mouches se posent, volent, se multiplient. Et le
      comportement se double des variations musicales… et se double de rappels cinéphiliques justifiant le
      sous-titre Birds II, justifié par l’identité du compositeur, Oskar Sala, qui, en effet, défendit la musique
      électronique, parmi les compositeurs pionniers à l’expérimenter et à travailler en laboratoire.
      Il améliora le Trautonium inventé par Friedrich Trautwein en 1930, et construisit d’autres instruments de
      musique de concert électroniques, or les sonorités de ses instruments plurent à tant de réalisateurs
      qu’Oskar Sala composa la musique ou les effets de plus de 300 films, et très particulièrement, en 1963,
      son Mixturtrautonium participa à la bande son de The Birds de Hitchcock.
      Ce sont ces sons créés qui provoquent ce léger trouble devant Die Fliegen, qui réclamait le grand écran
      en boucle pour emplir la salle obscure.

                 Ainsi la stridence, ainsi le passage au mineur quand les mouches se posent sur la brindille -
      l’attente des oiseaux sur les fils électriques revient en mémoire, ainsi l’effet de dramatisation devant la
      balançoire - les enfants courant reviennent en mémoire - l’amplification de base à l’approche de la maison
      - la course pour s’y réfugier revient en mémoire - le bruissement dans le grenier surgit avec le grouillement
      des larves ; l’amplification se résout avec l’oiseau mort et la poupée sans regard… avant en une coda
      inattendue, de joindre en un fondu au noir progressif où ne subsiste que la brillance des ailes, un phrasé
      plus joyeux. L’histoire n’a pas besoin de mots ni de définition séquentielle, le son est productif.

                 Quant à ceux qui n’auraient pas été nourris des Oiseaux, s’il en est, la force anxiogène de cette
      bande son risque de leur faire regarder différemment les mouches.

                                                                                                      Simone Dompeyre

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