Page 118 - catalogue_2013
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Dorota KLESZCZ
Axis mundi
“Axis Mundi se lit comme l’axe cosmique, l’axe du monde, le pilier du monde, le centre du
monde. Il est le point stable de l’univers qui ouvre la connexion entre le ciel et la terre ; il est aussi le lieu
où les quatre directions de la boussole s'unissent.
En cet axe cosmique le temps s’arrête alors que s’opèrent des moyens de correspondance entre les
dimensions temporelles, ainsi pensé comme centre du monde, comme son omphalos / nombril, il devient
le point de son commencement.”
Le dispositif simple déroule, en boucle, une généalogie iconique sur fond de boîte à musique
répétitive et de quelques sons de respiration en effet de réel. Ces sons font union en accord avec le
propos-image, qui obéit au même geste vidéographique : une image s’inscrit puis disparaît en fondu
enchaîné avant la suivante jusqu’à la perturbation par une saynète jouée.
En effet, des photographies, d’abord portraits en couple, de petits groupes ou individuels, sont rassem-
blées par le halo connotatif de cet autrefois et la pose canonique du sérieux de la prise et de la fonction
sociale d’une telle image ; ensuite, induisant à y lire l’histoire d’une famille par les changements de
vêtements de plus en plus proches de nous, des photos amateurs de jeunes jouant de la musique, des
photos de mariage adoptant d’autres mimiques toujours codées.
L’héritage se fait de la succession, grâce à celle qui a pensé cette succession comme nécessaire à son
intrusion dans ce monde constitué ; intrusion en mouvement d’une femme dans une tenue qui pourrait être
de mariage - simple - tailleur blanc à jupe étroite et petit chapeau à courte voilette blanche, mais pas de
couple, la femme seule. Intrusion dérangeante puisque l’accompagne un petit jouet noir mécanique - une
araignée - qu’elle attrape - pour le gober.
La nostalgie des aïeux - feints ou réels - est perdue, l’incompréhension du geste survit mais c’est
un acte, un mouvement, une décision que glose, en post-face, une définition de la vie empruntée à Xavier
Bichat, biologiste et médecin auquel on reconnaît d’avoir transformé l’anatomie et la physiologie cellulai-
re: “La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort”.
Nous pourrions y adjoindre comme mode d’emploi de ce travail un autre de ses conseils: “Il faut voir avant
de réfléchir(…) nos idées sont vagues sur tout objet extérieur si elles ne sont pas pour nous autant
d’images”.
Simone Dompeyre
Installations / Expositions - Histoire(s) 119