Page 121 - catalogue_2013
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Anne-Catherine LE LAYO
Une heure pour (ne) rien (faire)
Sur le mur blanc, spécialement conçu à leur effet, neuf photographies jouxtent des écouteurs
mis à la disposition du spectateur. Le dispositif se compose d'images visuelles fixes et de l'enregistrement
sonore d'une voix, en un étrange composé audio-visuel. Une voix masculine, anonyme, décrit la
production de cette série créée selon une contrainte inventée par Anne-Catherine Le Layo, étudiante en
cinquième année des Beaux-Arts de Paris.
Elle a demandé à neuf personnes (connues ou inconnues) de la rejoindre dans une chambre
d'hôtel donnant sur une avenue parisienne, entre l'intimité d'une chambre à coucher et un espace défait
de tout objet personnel, un espace entre. Elle reste avec celle-là, durant une heure sans échanger la
moindre parole, alors qu’elle-même prend une seule photo au moment qu’elle choisit. Toutes les heures,
un nouvel invité remplace le précédent, elle est neuf heures dans cette chambre sans en sortir.
La résultante : huit photographies de huit personnes, et une image de lumière, puisque sur les
neuf personnes invitées à participer à cette expérience, l’une n’est pas venue et le silence iconique a
accompagné le silence sonore de l’heure qui lui était dédiée. Anne-Catherine Le Layo maîtrise nettement
la prise de vue, les nuances du noir et blanc significatives du changement d’heure d’une journée
ensoleillée. Elle sait capter différemment la lumière sur les visages et ne retenir qu’une amorce de celui-
ci ou un portrait de celui-là ; elle sait, certes, travailler le point de vue et varier axe et angle ainsi que
l’échelle des plans dans cet espace réduit : la contre plongée et le biais pour Nico, le profil pour Jeanne
près de la fenêtre, le demi ensemble pour Yann, elle inclut la contrainte temps en réitérant la pendule ronde
dans le champ.
Photo in situ : Céline Canton Installations / Expositions - Histoire(s)
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