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Quelle place à Toulouse pour l’expérimental ?
Retour sur les difficultés : le public n’est pas fautif, il faudrait travailler à sa sensibilisation, plus
précisément à sa formation. En ce qui concerne les lieux, comment ça se passe à Toulouse et ailleurs pour
installer, exposer, projeter. Les finances nous le savons tous, à redire sans doute mais nous perdrons du
temps à la déploration. Comment trouver des films et des pièces. Question du matériel : achat, mutualisa-
tion, prêt avec parfois des surprises… en anecdote, la projection de films Méliès qui s’est faite à la main,
le film ainsi passé pendant 1h30 grâce à deux étudiants.
M.P : Ces dernières années, certaines difficultés financières sont un fait dans ce contexte économique de
plus en plus aride - d’autant que la volonté du politique a été de rétrécir le paysage et de pousser à
travailler en co-construction - mais cela ne doit se faire que de façon assez naturelle ; nous sommes
aujourd’hui dans un tel cadre puisque nous sommes venus volontairement autour de la table, mais il faut
faire attention aux réunions d’associations, un peu trop artificielles ; le cadre du travailler ensemble doit se
faire par choix mutuel.
T.U : On peut très bien fonctionner avec quelqu’un et pas avec quelqu’un d’autre...
S.D : ...mais aussi se bloquer par idées reçues avec des méfiances injustifiées… il faut prendre le temps
d’apprendre ce travailler ensemble. Je donne un seul et vieux projet - abandonné parce que le lieu, en
sous-sol, a été fermé à la suite de plaintes répétées concernant le bruit par les voisins - celui de jouer à
donner un cours de sémiologie, pour précisément cette sensibilisation ; endosser une blouse d’instituteur
utiliser un tableau pour la projection de films expérimentaux dans le bar en sous-sol, y parler expérimental
en des formes qu’on n’attendrait pas. Il faut inventer pour sensibiliser et c’étaient deux associations qui
tentaient cet ensemble, dont Traverse.
M.P : Cela engage un “comportement actif” mais il faut aussi des têtes d’affiche, à Lieu commun, les publics
sont spécifiques selon les programmes, l’écoute à la musique est très codée ; il faut en tenir compte.
Elodie Sourrouil surenchérit sur la similitude des attitudes devant un concert et devant une
exposition, puisque le public des expositions se reconnaît dans celui des concerts classiques, folk… ce qui
prouve des cloisonnements relationnels, un public très stratifié… même si un concert peut amener son
public à regarder l’exposition simultanée mais revient-il sur une exposition ?
M.P : Oui et non cela revient à notre question d’éducation… la musique peut devenir un outil pour attirer
vers les expositions, la porosité commence ; c’est le projet de Pink Pong, un week-end d’art contemporain
qui vise à décloisonner les publics, or une personne ne va qu’à tel événement, une autre qu’à cet autre
évènement… alors que quand on s’intéresse à l’art, on devrait le voir dans toute sa diversité mais cette
manifestation a entraîné à Lieu Commun de nouvelles personnes.
Nous, en tant que professionnels de l’art, nous passons notre temps à voir des expositions, à voir des
choses nouvelles ; le public a une offre tellement large et c’est tant mieux : il peut choisir mais politique-
ment parlant, il faudrait que ce type d’expérience puisse s’étirer sur la durée. On le voit par rapport au
public nombreux de Traverse.
S.D : C’est vrai avec une grande variété : des enfants… au 6ème ! âge ; pour preuve, les très nombreux
visages inconnus lors de la soirée du samedi aux Carmélites - alors que, et c’est dommage, il n’y a pas de
public toulousain qui se rende aux Carmélites pour les Carmélites ; inversement, quelqu’un est venu avec
une page découpée du Magazine distribué dans le TGV Paris-Toulouse ce qui m’a donné une fort bonne
surprise ; la même diversité aux Abattoirs pour l’après-midi…
16 16ème édition des Rencontres Traverse Vidéo